Je viens de passer un séjour à Berlin des plus agréable. D’abord parce que les berlinois sont accueillants et que la capitale mélange les genres et les cultures avec succès. Ensuite parce que cette ville bohème, passée de chrysalide à papillon en un peu plus de 20 ans, regorge de lieux culturels (musées, châteaux, bâtiments, églises et tout simplement art de rue) sans pour autant endosser le statut de ville-musée.
Oui, j’ai aimé flâner dans ses rues où les gens paraissent bien moins stressés qu’à Paris, voyager dans son métro qui rendu indispensable par l’étendue de la ville (à titre informatif Berlin est 8 fois plus vaste que Paris) ne rabaisse pas les hommes au rang de bestiaux, respirer son atmosphère dans laquelle la culture sous toutes ses formes se vit au quotidien. Jean d’ Haussonville, ex-conseiller culturel à l’ambassade de France, la décrira en ces termes : Berlin est une ville majestueuse, mais pauvre. Le poids de la guerre et de la mort y est partout, accentuant sa fascination romantique chez les artistes. Les cimetières militaires soviétiques dans le parc de Treptow, les anciens cimetières juifs, les impacts de balles sur les façades, les vestiges du mur, tout cela crée un état d’esprit particulier, d’où naît la création.
Mon périple de 6 jours ne m’a bien évidemment pas permis de faire le tour de cet immense territoire mais je tenais à partager avec vous quelques-uns des lieux (non exhaustifs) que j’ai pu visiter et qui m’ont le plus marquée.
La Potsdamer Platz dont l’aménagement a été entièrement fondé sur des capitaux privés et l’incroyable toiture de verre du Sony Plaza conçu par Helmut Jahn qui revêt les couleurs de l’arc-en-ciel une fois la nuit tombée.
Le Mémorial de l’Holocauste conçu par Peter Eisenman et composé d’un dédale de stèles de béton de différentes dimensions (plus de 2700) étendues sur près de 2 hectares. Le sous-sol abrite un centre d’information sur la Shoah et un parcours initiatique bouleversant (que je n’ai pas réalisé), ce à quelques 200 mètres de l’ancien bunker d’Hitler dynamité en 1989 par la RDA.
Le Reichstag – symbole du pouvoir allemand – qui malgré de multiples destructions a connu une formidable résurrection notamment grâce à son dôme de verre pour lequel l’architecte Norman Foster a obtenu le Prix Pritzker en 1999. Malheureusement pour moi je n’ai pas pu m’y rendre faute de tickets dont l’achat s’effectue sur Internet 3 ou 4 jours avant visite du site.
La Porte de Brandebourg longtemps symbole de la division de la ville puisque partie intégrante du mur de Berlin et désormais symbole de l’unification.
L’île aux Musées comprenant 5 édifices imposants sur un tout petit kilomètre carré et classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Mon choix s’est porté sur le Neus Museum, sa fabuleuse collection égyptienne et sa pièce maîtresse : le buste de Nefertiti datant de 1338 avant J-C (interdit à la photographie). Situé dans l’ancien Berlin-Est, le bâtiment, partiellement détruit en 1945, était resté à l’état de ruine pendant plusieurs décennies. La réhabilitation de ce musée est impressionnante à observer.
Le Musée Juif imaginé par l’Américain d’origine polonaise Daniel Libeskind. Surnommé le Blitz (à savoir l’éclair) cet édifice métaphorique est un incroyable lieu de mémoire. Labyrinthe étouffant, oubliettes angoissantes, pièces fantomatiques, l’architecture s’est entièrement mise au service du sens. L’intérieur du bâtiment, divisé en trois axes que sont l’exil, l’extermination et la survie abrite une exposition permanente retraçant 2000 ans d’histoire juive en Allemagne. Bien évidemment, pour visiter le musée il est indispensable de se munir d’un audio-guide et de prévoir 3 bonnes heures…voire plus pour les plus pointilleux.
Enfin je ne pouvais conclure ce premier article (deux autres suivront sur le Mur et Potsdam) sans parler de l’art de la rue, des graffitis en tout genre qui courent sur les murs et que malheureusement j’ai à peine appréhendé. Il n’y a rien d’anormal à trouver à Berlin des murs tagués, dessinés, colorés. D’ailleurs le premier ayant fait l’objet de ces peintures est bien l’ancien mur de la Honte dont aujourd’hui les derniers vestiges sont entièrement recouverts de l’œuvre de 118 artistes venus de 21 pays différents (mais j’en reparlerai plus tard).
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