Des gratte-ciels de la City, dont le plus fameux aujourd’hui (le Gherkin) a été érigé par Norman Foster, à Westminster la médiévale, Londres séduit par son éclectisme culturel. Bien que n’ayant pas encore cédé à London Eye qui offre sans doute le plus beau panorama de la ville, la magie londonienne s’instille sur l’asphalte et le bitume. Parcourir les rues commerçantes déjà animées par l’esprit de Noël, se frotter aux punks de Camden la multiculturelle, flâner dans St James’s Park au couleur de l’automne (là où des centaines d’écureuils gris domestiqués ont trouvé refuge), battre le pavé à Notting Hill jonché de grandes maisons victoriennes pour finir par s’échouer dans quelques pubs de Brick Lane à l’ambiance bières, foot et Fish and Chips…les escapades outre-manche dans la capitale sont toujours pure parenthèse de plaisir.
Une parenthèse qui me donne l’occasion également de parler de Rimbaud parti par deux fois à Londres. L’une avec Verlaine pour cacher leurs amours tumultueuses, l’autre alors que Verlaine purge sa peine de deux ans de prison pour lui avoir tiré dessus à Bruxelles. C’est au cours de ses promenades dans Londres que Rimbaud découvrira les docks, le « subway » exclusivement piétonnier, ainsi que le chemin de fer souterrain plongeant les rues dans un brouillard sombre. A Londres il fréquentera les théâtres, les musées, les galeries de peinture. Deux lieux semblent d’ailleurs avoir une importance particulière pour lui : Le Crystal Palace et le British Museum. C’est à cette époque que le poète écrira son recueil en prose intitulé « Illuminations » où « Les ponts » de Londres y sont décrits, presque dessinés…
Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes, s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. – Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie.
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