Des décors extraordinaires, un théâtre genre Commedia dell’arte, Volpone aborde le sujet intemporel de la tentation dans un monde sans conscience où « posséder », « jouir », et « jeter » seraient les leitmotifs d’une vie réussie. Cette pièce anglaise raconte l’histoire d’un vieux célibataire extrêmement riche et sans héritier naturel qui va délibérément feindre d’être au bord de la tombe afin de s’amuser des comportements hypocrites de vautours venus lui faire la cour pour être couchés sur son testament. Et dieu sait que les prétendants au trône vont se montrer inventifs devant la perspective de l’héritage. Un des personnages – campé par l’étonnant Grégoire Bonnet – ira même jusqu’à proposer les faveurs de sa femme pour atteindre le Saint-Graal. Ce même personnage haut en couleur, particulièrement grotesque et cupide offrira d’ailleurs les scènes les plus décalées que le spectacle puisse compter. On le retrouvera notamment à quatre pattes en caleçon et talons aiguilles dans la chambre d’une prostituée entrain de se pâmer sous les coups de fouet de la courtisane. Car Volpone mélange savamment univers noir et coloré, bassesse humaine et noblesse des sentiments, théâtre joué et théâtre dansé. Un vrai spectacle vivant moderne, drôle et pourvoyeur d’émotions.
Cette comédie, qui se joue actuellement au Théâtre de la Madeleine, a été revisitée par Nicolas Briançon, extraordinaire dans le rôle du fidèle serviteur de Volpone (lui-même interprété par un Roland Bertin époustouflant pour ses 82 ans!) dont le masque tombera pour laisser place au cynisme à visage humain. Une fable explosive extrêmement moderne sur le désir de posséder, la cupidité et les relations entre sexe, pouvoir et argent promis sans nul doute à un bel avenir. J’avoue avoir passé un excellent moment et à en croire l’enthousiasme du public au tombé de rideau, je n’étais pas la seule!
Quelques mots du metteur en scène…
Volpone est une pièce d’une férocité irrésistible sur l’argent, le sexe et la cupidité. Elle date de 1606 et semble avoir été écrite hier. Il y a dans Volpone quelque chose qui se situe entre le roman noir et la comédie italienne (on pense aux « Monstres » de Dino Risi). Mais il y a aussi dans Volpone une réflexion sur l’illusion théâtrale, sur le jeu, sur le mensonge et sur les faux-semblants qui colorent cette noirceur d’une drôlerie bouffonne, d’un humour ravageur. Une galerie de portraits dont personne ne sort indemne. Les deux seuls êtres « purs » seront emportés, broyés, écrasés par la justice. Les « affreux » seront ridiculisés, bernés et trahis. Mais Ben Jonson sait nous montrer, sans jamais nous donner de leçons et nous asséner de « vérités inutiles », à quel point la cupidité est stupide. Il le fait avec jubilation, avec une gourmandise et une ivresse qui emportent tout. C’est une pièce joyeuse et profonde. Un humour noir et salvateur.
En savoir plus…
Volpone se joue actuellement
Au Théâtre de la Madeleine
19 Rue de Surène 75008 Paris
01 42 65 07 09
> de 20h30 du mardi au samedi
17h le samedi et le dimanche
Durée : 1h45 sans entracte
Tarifs : De 17 € à 54 €
Site internet : http://www.theatremadeleine.com/
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