Tout est un peu aérien, éthéré dans les films de Sofia Coppola. Comme si la vie était délicatement en suspension, ne tenait qu’à un fil léger tendu au dessus d’un précipice salvateur (?). Sisyphe aurait les talons ailés d’Hermès et ferait le grand saut. Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela qu’avec Playground Love le choix d’une mélodie de Air s’imposait à ces cinq « vierges » séraphiques peu enclines à franchir le Styx entre enfance et monde adulte.
Ennui? Education rigide? Syndrome de perfection? Rien n’est réellement révélé sur ce qui poussera les 4 sœurs Lisbon à suivre – dans un élan collectif mais chacune à sa façon – leur cadette au royaume d’Hadès. Difficile de qualifier Virgin Suicides de « beau » film et pourtant esthétiquement parlant il est irréprochable. Prise de position spéciale, superposition savamment organisée par Coppola entre une histoire morbide et son traitement doux, ouaté, rose bonbon et pastel.
Filmé d’outre-tombe à travers les fantasmes et rêveries d’un groupe de garçons obnubilés par ces déesses, le monde teenager n’a rien de niais mais au contraire transpire déjà la résignation et la fin. L’adolescence serait-elle une contrée d’où l’on ne revient pas?
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