Cinéma subtil, sinueux, volubile, rythmé par le temps. A la recherche du temps perdu. Le temps qualifié de l’innocence, celui de l’enfance où les rêves laissent place à la douleur morale et la crainte d’une mère rattrapée par la folie, celui où la magie s’éclipse au profit de la douleur physique et la peur d’un père qui joue de ses poings.
Dans la peau de Paul Dédalus en suspension encore et toujours. Suspendu cette fois à ces trois points que sont l’enfance, l’adolescence et l’âge mûr. Un peu perdu dans le dédale de sa vie. Paul Dédalus donc – personnage récurrent à la manière d’un Antoine Doisnel chez Truffaut – que l’on avait laissé à regret dans les méandres de sa quête d’identité amoureuse et sexuelle quand il se la disputait à 30 ans et que l’on retrouve ici face à un agent de la DGSE à devoir s’expliquer cette fois sur son identité personnelle. Car un autre Paul Dédalus existe quelque part. Un russe réfugié en Israël et mort en Australie. Une identité parallèle que Paul a approuvé adolescent en faisant don de son passeport et qui lui fera proclamer Un jour j’ai donné mon identité, je ne sais plus si je suis le bon. Retrouver son identité en sondant sa vie, en fouillant dans ses souvenirs les plus profonds de l’âge de raison à la fleur de l’âge, et nous voilà parti dans le récit bouleversant et émouvant d’un personnage romanesque et torturé.
Crépuscule d’une idole sans doute un peu blasé qui se remémorera la violence d’une enfance coincée entre marteau et enclume, l’exaltation d’un début d’adolescence héroïque à léguer son patronyme lors d’un voyage scolaire en URSS afin de permettre à un jeune juif l’exil en Israël, la douceur des premiers émois amoureux et l’âpreté des déceptions sentimentales. Avec Esther. Épine dorsale de l’histoire du héros. Fil rouge de sa vie sentimentale. Celle avec qui il a appris la passion, l’amour, les déchirures. Celle qu’il a adorée, qu’il a blessée, qu’il a trompée, laissée filer, puis qu’il a rattrapée pour enfin quitter mais qu’il n’a jamais oubliée.
Trois souvenirs de ma jeunesse parle au cœur, aux tripes, au cerveau et à l’âme. C’est pour ça qu’il serait dommage de le zapper.
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