Starwalker : Jean-Benoît Dunckel se dévoile

Alchimie parfaite entre Jean-Benoît Dunckel (moitié du duo French touch AIR qui a su propulser fin des années 90 ses sons de Versailles à la lune) et Bardi Johannsson (leader de Bang Gang reconnu pour sa pop planante) Starwalker se savoure comme un doux voyage interstellaire psychédélique. Une Odyssée spéciale aux mélodies aériennes et hypnotiques conçue comme une traversée mouvante des lubies musicales de ces 2 « petits princes » de l’electro-pop pastel filant d’étoile en étoile. Disco-pop aux hooks implacables, rêveries électro surréalistes et analogiques ou attaques psyché, la transition se fait toujours en douceur. La douceur du coton, la légèreté de la plume transcendée par les voix épurées des deux artistes, de Keren Ann  et même de chœurs d’enfants, il n’en fallait pas plus pour faire de Starwalker un album raffiné à déguster dans d’exquis moments de rêverie. Rencontre avec Jean-Benoît Dunckel, les pieds sur terre, la tête dans les étoiles.

Luzy : Etoile filante et scintillante dans le ciel de la pop-électro, poétique, hypnotique, cosmique Moon Safari a fait rêvé toute une génération dont je fais partie. Mais dis-nous, AIR c’est définitivement plié ou vous réservez-vous avec Nicolas (Godin) de possibles nouveaux projets?

 J-B Dunckel : Ahaha ! Mystère et boule de com!

Luzy : Tout est un peu aérien, éthéré, onirique dans les films de Sofia Coppola. Un univers que vous partagez. Il semblait inévitable que vous vous rencontriez. Quels souvenirs gardes-tu de votre collaboration sur la B.O de ce chef d’oeuvre qu’est Virgin Suicide?

J-B Dunckel : J’étais malade quand on a fait Virgin Suicide. J’avais de la fièvre. Les touches en plastique de mes keyboards fondaient sous mes doigts.

Luzy : Il y a quelque mois tu sortais en solo The Man of Sorrow sous le pseudo de Darkel? Le noir (dark) et le chagrin (sorrow) ont-ils une signification? La fin d’une époque que tu regrettes?

J-B Dunckel : Je crois que la musique de « Bowie » n’est pas forcement tranchante comme un couteau. Que celle des Beatles n’est pas toujours rythmique. Que François Hollande n’est pas forcément né en Hollande. Bref Darkel n’est pas forcement toujours Dark. The Man Of sorrow décrit une humeur d’extase mélancolique. J’ai remarqué que les artistes sont souvent le contraire de leur art. Iggy Pop est plutôt calme dans la vie. Certains comiques sont toujours déprimés.

Luzy : De fait la musique y est sombre, romantique, intime et pour autant toujours aussi céleste. D’où te viennent tes influences musicales?

J-B Dunckel : Je joue de la musique classique. C’est ma façon de me régénérer. Je ne suis qu’un troubadour electro qui s’incline devant les maîtres de la musique universelle. J’essaie juste d’interpréter modestement leurs œuvres et cela m’ouvre certaines portes, certains secrets d’arrangements, de solfège, de technique. Mes oreilles ainsi peuvent capter à 360°. J’essaie de ne pas oublier que Mozart aurait peut-être un laptop de nos jours.

Luzy : Tu sembles ne pas trop tenir en place et avec Bardi Johannsson (leader de Bang Gang) avec lequel tu as monté un nouveau projet nommé Starwalker, tu sors en avril un album éponyme, pourquoi ce nom? Toujours autant dans le cosmos?

J-B Dunckel : Starwalker est arrivé par surprise. Je voulais ne faire qu’un morceau et puis on a fait un album. C’est une musique plus pop et rythmique que celle de Darkel. Très accessible. Il y a aussi une composante enfantine dans cet album. Et c’est vrai que je ne tiens pas en place. Mais en même temps je suis musicien. Tel au temps du jazz, la musique se fait à plusieurs et je pense qu’il faut aussi changer souvent de collaboration pour s’enrichir.

Luzy : Parle-nous de votre rencontre. Que t’a apporté son univers pop éthéré assez similaire au tiens d’ailleurs sur le plan musical?

J-B Dunckel : Notre rencontre a été amicale avant tout. Pour faire des morceaux, il faut quand même partager un certain sens de l’humour. Mais nos chansons, curieusement, même si elles contiennent quelques blagues second degré, comme Moral Sex par exemple, parlent d’amour vrai. Nous cherchons à percer les secrets de femmes.

Luzy : Keren Ann qui officie aux côtés de Johannsson sur d’autres projets est venue juxtaposer aux deux morceaux que sont Bad Weather et Losers can win l’élégance et la suavité de sa voix, la connaissais-tu avant?

J-B Dunckel : Non je l’avais vu aux victoires de la musique. J’aime sa voix.

Luzy : Perso, j’ai un petit faible pour la planante Blue Hawaïï, rêverie synthétique dont on n’aimerait ne pas se réveiller, réminiscence de quelques morceaux « AIR »-ien, dis-moi pour toi le rêve est-il salutaire? Et au-delà rend t-il l’individu meilleur et plus apte à affronter la réalité?

J-B Dunckel : Le rêve est le théâtre de nos vies. C’est aussi réel que la vie sur terre. La terre se désintégrera comme nos rêves avant. Oui la musique est faite pour décoller d’ici. Elle aide vraiment à vivre.

Luzy : Demeter, un retour à la terre ?

J-B Dunckel :  
C’est un morceau un peu programmé, très influencé par la musique de film. C’est un morceau de texture.

Luzy : Ton univers tellement poétique me donne envie de te demander si tu aimes et lis de la poésie. Et si oui qui t’inspire?

J-B Dunckel :  Oui j’aime les Haïkus Japonais. J’aime aussi beaucoup Robert Desnos. Le poète qui dort éveillé. Il me bouleverse.

Luzy : Des projets futurs?

J-B Dunckel : Oui Mon futur sera la conséquence de mon passé. Je suis déterministe. Je cours toujours après ce morceau magique fédérateur, le « gold » , que je n’ai jamais vraiment fait jusqu’à maintenant.

 

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> Starwalker, nouvel album sort le 1er avril 2016
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