Il y a des romans comme ça que l’on trimballait dans les cartables en étant mômes et qui nous collent à la peau des années après. Parmi ceux là, je garde un souvenir presque intact de Mateo Falcone. Cette nouvelle de Prosper Mérimée raconte l’histoire d’un notable Corse qui va exécuter de sang froid son jeune fils pour le punir d’avoir livré à la justice, en échange d’une montre, un hors-la-loi caché sur ses terres. La trahison du fils et le sens de l’honneur du père ne justifiaient bien évidemment pas à mes yeux un tel acte. Ce récit est resté dans un coin de ma tête générant une question de taille : comment peut-on placer l’honneur et le respect de la parole donnée au dessus de la vie de son propre enfant? Est-ce que cela existe? Interrogation, vous me l’accorderez, plutôt anxiogène pour un gamin.
Parmi ces autres grands moments littéraires de ma période collégienne imposés par des professeurs plutôt bien intentionnés, je me souviens aussi de La Chatte de Colette. De la sensualité avec laquelle l’auteur décrivait la nature et les merveilleux petits jardins de banlieue chic parisienne, de la tension qui s’installait au fur et à mesure que la passion d’Alain pour son félin grandissait au détriment de son intérêt pour Camille qui finit d’ailleurs par commettre l’impardonnable… Bien que très peu au fait des relations de couple à cette époque, j’avais beaucoup de mal à comprendre ce qui pouvait lier cet homme à son animal au point d’en délaisser sa propre compagne et de lui préférer la bête. Mais après tout Colette n’ a t-elle pas dans sa vie accordé plus de place aux animaux (et plus particulièrement aux chats) qu’aux hommes? Pas sûre d’avoir eu connaissance de la chose à la lecture de ce petit roman qui m’a également beaucoup touchée. Pas sûre non plus qu’en le sachant j’aurais approuvé l’idée.
Enfin je me rappelle avec bonheur de la Trilogie de Giono. Colline, Regain et Un de Baumugne furent des trésors de littérature. Je les entendais chanter les cigales, je le sentais bruler ma peau le soleil au zénith, je la humais la lavande à perte de vue, je les vivais les mésaventures de ces villageois isolés, convaincus que le malheur s’abat sur les Bastides avec en toile de fond Mère Nature perçue comme menaçante. Rien qu’en en parlant, j’ai envie de le relire.
Bien évidemment beaucoup d’autres récits, nouvelles ou romans marquants sont venus s’ajouter de plein gré au fil des années. Mais je ne souhaitais ici parler que de ceux que je n’ai pas choisi. Ceux que le collège a choisi pour moi, qui font donc partie de mes premières lectures sérieuses. Ceux qui m’ont immédiatement interpellée et m’ont conduite à aimer la littérature, à me poser des questions sur le monde qui m’entoure. Ceux que jamais je n’oublierai mais qu’il est vrai, il faudrait que je trouve le temps de relire avec des yeux d’adulte.
Et vous, quels sont les premiers livres qui vous ont marqués ?
En savoir plus :
> Lire la nouvelle Mateo Falcone dans son intégralité
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