Robert Mapplethorpe : un provocateur sans doute, poète maudit aussi

Robert Mapplethorpe est-il toujours subversif? Est-il devenu ringard? Si avoir fait figure de pionnier en parlant d’homosexualité dans les années 70 mélangeant de surcroît les couleurs de peau ou encore si avoir photographié des sexes masculins dans des mises en scène sado-maso ne fait effectivement bondir presque plus personne (quoique le Grand Palais a interdit d’accès au moins de 18 ans une salle entière de clichés prêtant à polémique), il n’en demeure pas moins que le génie de l’artiste exsude dans chaque oeuvre. N’en déplaise aux détracteurs de tout poil reléguant Mapplethorpe dans la catégorie « daté » avec juste ce qu’il faut pour choquer le bourgeois.

Un style académique, classique certes mais efficace, parfait (ceux qui l’admirent aujourd’hui partagent-ils ce culte de la perfection?). Le photographe dira d’ailleurs Je cherche la perfection dans la forme. Dans les portraits. Avec les sexes. Avec les fleurs.

Des polaroids du début des années 70 aux portraits de la fin des années 80, des nus sculpturaux aux natures mortes, des évocations christiques aux clichés sado-maso en passant par des focus autour de ses deux muses Patti Smith et Lisa Lyon, l’exposition qui se tient actuellement au Grand Palais s’attache à révéler toutes les facettes d’un artiste hors norme décrié autant qu’apprécié.

Robert Mapplethorpe est d’abord un sculpteur dans l’âme et dans l’imagination, un plasticien habité par la question du corps et de sa sexualité, obsédé par la recherche d’une forme parfaite. Si j’étais né il y a cent ou deux cents ans, j’aurais été sans doute sculpteur mais la photographie est une façon rapide de voir et de sculpter. Lisa Lyon me rappelle les modèles de Michel-Ange qui a sculpté des femmes musclées.

Dans le sillage de Man Ray, Mapplethorpe voulait être créateur d’images plus que photographe, poète plus que documentariste et en la matière cet artiste – mort trop tôt rongé par le sida – excella il faut bien le dire, certaines de ses créations s’assimilant plus à des peintures ou à des sculptures qu’à de la photographie.

Ken Moody – Robert Mapplethorpe – © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission
Embrace – Robert Mapplethorpe – © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission
Lisa Lyon – Robert Mapplethorpe – © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission
Self-Portrait – Robert Mapplethorpe © Robert Mapplethorpe Foundation. Used by permission

Mapplethorpe, une vie à New-York, une exposition à Paris 

En plus de l’exposition, le Grand Palais propose un web documentaire plutôt bien foutu sur l’oeuvre et la vie de Robert Mapplethorpe à New-York.

Il s’agit d’une carte animée de New-York – interface graphique dans laquelle l’internaute navigue au gré de ses envies et des entrées proposées par thématiques :

> La vie : les lieux qui ont fait partie de l’univers de Mapplethorpe
> L’homme : les rencontres et témoignages
> L’oeuvre : les thèmes explorés par l’artiste.

La carte comporte une trentaine d’entrées sous forme d’icônes proposant autant d’accès à des vidéos, des textes, des photos, des informations diverses concernant l’artiste.

Pour y accéder cliquer sur la carte :

En savoir plus :

> Exposition Robert Mapplethorpe, Grand Palais Galerie sud-est
26 mars au 13 juillet 2014
Tarif : 12 €
Site internet : ici 

> Lire également mon article Just Kids – Patti Smith 


Commentaires

  1. Avatar de Le Journal de Chrys

    Je ne verrai pas l’expo car je ne vais pas à Paris mais il fait parti d’un des premiers photographes dont j’ai connu le travail quand j’ai commencé à m’intéresser à la photo. Du coup le père de mes enfants m’avait offert un superbe livre de ses photos (livre que j’ai encore// mais plus le père!!!!), il y a 25 ans!!!

    Bonne fin de journée à toi

  2. Avatar de Luzycalor

    Rigolote la chute 🙂 Mapplethorpe fait de superbes photos sans conteste. Merci pour ton passage Chrys et à bientôt.

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