Quel titre curieux pour un roman qui aborde la douleur de la séparation. Celle que l’on ressent lorsqu’un être cher décède, celle qui nous assaille lorsque l’on doit faire face à la maladie d’un proche, celle qui nous ronge quand l’être aimé nous quitte mais également celle qu’éprouve l’enfant en phase de mutation vers le stade adulte. Car on sent à la lecture du roman que Justine Lévy n’en a pas vraiment fini avec son oedipe et se plaît à évoquer les relations exclusives – presque infantiles – qu’elle entretient avec son « papa ». L’auteur semble également se poser quelques questions sur le statut d’adulte. Oui Justine, la relation amoureuse n’est pas une relation d’amour parent-enfant. Une fois parti l’être aimé ne revient pas. « Être adulte, c’est être remplacée ».
Je connais comme beaucoup l’histoire surmédiatisée de Justine Lévy quittée par son ex-mari Raphaël Enthoven parti pour sa belle-mère de l’époque, Carla Bruni. Tout simplement parce que l’affaire a fait la « Une » de pas mal de (mauvais) journaux quand l’ex-mannequin est devenue première dame de France.
Je ne savais pas que Rien de Grave évoquait cette histoire. Je me suis plutôt laisser tenter par la découverte de l’auteur, de son écriture et de sa pensée. Peut-être un peu piquée également par cette curiosité qui, quelques années auparavant, me poussait vers Bernard-Henri Lévy et sa Barbarie à visage humain.
Que dire de Rien de grave? Plus qu’un roman c’est une autobiographie dans laquelle Justine Lévy se met en scène à travers le personnage de Louise. Cette Louise devenue l’ombre d’elle même depuis sa séparation d’avec Adrien (Raphaël Enthoven) mais qui cumulait déjà de grosses souffrances existentielles masquées en partie par la prise d’amphétamines à haute dose.
Je n’ai tout au long du roman presque jamais réussi à m’attacher à cette jeune-femme trop puérile à mon goût qui, suite à sa rupture, paraît insensible à son sort et à celui des gens qu’elle côtoie; trop enfermée dans sa souffrance pour s’intéresser aux autres. La toute fin seulement laisse entrevoir une personne plus lucide, une enfant-chrysalide qui se transforme enfin en adulte-papillon.
Non je n’ai pas accroché parce que, au-delà de la naïveté du personnage, on ressent beaucoup d’aigreur dans ses propos. Du coup le roman en devient presque parfois une sorte de vengeance sans grand intérêt littéraire.
Crédit photo : David Balicki/ Couverture de Rien de Grave
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