Il était une fois une belle petite fille blonde trop tôt projetée dans la folie du monde des adultes. Son nom : Eva Ionesco, fille de la photographe Irina Ionesco. Son histoire : avoir servi de modèle érotique à sa mère durant des années et ce dès son plus jeune âge (4 ans). Alors doit-on tout cautionner au nom de l’art? Jusqu’où peut-on aller au nom de la liberté d’expression?
Portes-jarretelles, robes fendues, bouche rouge sang, culottes en dentelle quand culotte il y a, poses suggestives ne sont pas les situations et accessoires conventionnels de l’enfance quelque soit la beauté du cliché. Pour ma part, dans ce cas précis et bien que n’étant pas adepte de la censure, je dis que l’on ne peut pas tout admettre. Et le plus troublant est que la question se pose encore plus franchement quand il s’agit de son propre enfant, du respect de sa personne en tant que petit être inoffensif et confiant. Décidément cette histoire me touche beaucoup car mère d’une petite fille de 4 ans, je ne vois que malveillance et déconsidération de l’individu derrière de tels actes malsains.
D’ailleurs, je la trouve bouleversante l’histoire de cette fillette devenue femme blessée, « carbonisée » dans sa chair et qui aujourd’hui se bat encore contre ce passé de douleur notamment en trainant sa mère de procès infructueux en procès infructueux afin de faire valoir son droit à l’image et récupérer les clichés les plus intimes.
Est-ce une forme de catharsis? Est-ce un désir de dévoiler à la face du monde son histoire trop lourde à porter? Toujours est-il qu’Éva a décidé de lever pudiquement le voile en réalisant My Little Princess, son premier film en tant que cinéaste avec Isabelle Huppert (fantastique actrice) dans le rôle de la mère maléfique, fausse inconsciente. Avec pudeur donc car selon ses propres dires « My Little Princess est très en dessous de ce que j’ai vécu. Je n’aurais pas été capable de raconter cette histoire sur un mode réaliste, ça aurait été trop insupportable pour le spectateur mais aussi pour moi » *
Le film sort mercredi 29 juin dans les salles. Je ne sais pas encore si j’irai le voir mais une chose est sûre, la douleur de cette femme est palpable et j’espère qu’elle sortira un jour vainqueur de son combat si ce n’est par la reconstruction totale de sa personne tout au moins en récupérant ce qui lui appartient.
* Propos recueillis par Anne Diatkine (Elle)
En savoir plus :
> Lire l’interview d’Eva Ionesco pour l’Express
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