Allen, Von Trier, Almodovar, Moretti, Van Sant, Dardenne…le Festival de Cannes semble passer d’années en années les mêmes bobines. A la fois, pour connaître plus ou moins bien le cinéma de tous ces réalisateurs (exceptés les frères Dardenne dont je n’ai vu aucun des films), j’avoue qu’il y a peu de chance de se tromper. Certes Woody Allen manque de constance, Lars Von Trier se complait dans le sombre et Gus Van Sant en indispose plus d’un avec ses longs plans séquences et lents travellings mais les scénarios et mises en scène de ces auteurs sont bien souvent impeccables, efficaces, brillants…laissons là les qualificatifs.
Ma palme à moi (s’il ne l’obtient pour la deuxième fois cette année) revient à Nanni Moretti. Cet italien à la bouille sympathique, à l’accent chantant, au verbe haut respire l’intelligence. Son cinéma aussi. Tant lorsqu’il dénonce avec un humour féroce les dérives d’une société italienne à l’image de son dirigeant (Le Caïman) que lorsqu’il filme la souffrance d’un couple dévasté par la douleur après la mort de son enfant (La chambre du fils). La grande force de Moretti réside dans la manière qu’il a de marier dans ses films légèreté d’un côté et souffrance de l’autre.
Ma première rencontre avec le réalisateur-acteur remonte à 1993, plus précisément à la sortie de Caro Diario son fameux Journal intime. De petites confessions à « dos » de Vespa en plein cœur de Rome s’achevant sur l’endroit où fut assassiné Pasolini. Un vrai régal. Là encore un cinéma primesautier, grave et à la fois plein d’humour (notamment lorsque Moretti y aborde sa détresse grandissante face à une médecine sourde à ses problèmes pourtant réels). Depuis, je n’ai cessé de le suivre. Aujourd’hui le voilà après 5 ans d’absence de retour avec Habemus Papam où cette fois il s’attaque au Vatican et raconte l’élection d’un nouveau souverain pontife. Et c’est l’excellent Michel Piccoli qui joue le rôle de ce pape en perdition qui panique à l’idée d’assumer ses très hautes responsabilités et choisit de suivre une psychothérapie pour y remédier. Piccoli (85 ans quand même) et Moretti, je ne sais pas vous mais moi je me déplacerai malgré les controverses et le manque d’emballement de la critique après la projection à Cannes.
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