Je viens de terminer le fameux « Life » du guitariste légendaire des Rolling Stones. Bien que mal traduit cet ouvrage est franchement passionnant. Keith Richards ni épargne rien ni personne (surtout pas lui) et livre sa vérité crue sur l’univers rock des Stones et sur ses relations tortueuses avec Brian Jones, Mick Jagger ou encore Anita Pallenberg, mère de ses trois premiers enfants.
Confidences explosives (notamment sur Jagger a l’égo sur-dimensionné, juste imbuvable et prétentieux), anecdoctes croustillantes sur la singularité de ce roi du riff devenu si particulier grâce à un doigt écrasé, l’autobiographie nous plonge dans un monde où « sex and drugs and rock and roll » trouve tout son sens.
Commençons par le rock parce que mine de rien les Rolling Stones c’est d’abord et surtout du bon Rock. On y apprend comment Keith s’est musicalement construit au côté de « Gus » son grand-père musicien de jazz, puis sous l’influence de génies du rock (Chuck Berry) ou du blues comme Muddy Waters (dont le titre d’une des chansons « Rollin’ stone » fut d’ailleurs à l’origine du nom du groupe). Outre l’héroïne, celui que l’on appelle également Keef (contraction de Keith et riff) se transfuse du rythme en intraveineuse et le virus lui a été innoculé par les bluesmen de Chicago, Ry Cooder ou encore Gram Parsons à qui il rend de beaux hommages dans sa biographie .
Cancre au premier degré, il décide assez tôt de se consacrer entièrement à sa passion pour la musique. Après quelques collaborations artistiques en amateur il rejoint, avec Mick Jagger, le guitariste Brian Jones et le pianiste Ian Stewart en 1961. C’est ainsi que naîtra en 62 le groupe légendaire des Rolling Stones que ralliera très vite Charlie Watts (batteur à l’élégance rare dont la biographie fait assez peu allusion à mon goût) et Bill Wyman.
Keith Richards écorche pas mal et le premier qui en fait les frais est Brian Jones. Personnellement en lisant le livre je n’ai jamais senti chez l’auteur la moindre affection pour celui qui finira noyé dans une piscine. Au contraire il le taxe de pleurnichard, de violent, de boulet et tient à corriger un point important qui veut que Brian Jones ait été le fondateur du Groupe. Ce n’est pas, pour Richards, Brian Jones qui fut à l’origine de la formation mais bien Ian Stewart.
Keith revient également sur le meurtrier concert gratuit donné par les Stones en 1969 à Altamont où la sécurité était assuré par les Hell’s Angels et consacre un chapitre entier à l’enregistrement, dans la villa Nellcote à Villefranche-sur-Mer, d’ Exile on Main Street (un des meilleurs albums du groupe) .
Tout aussi intéressantes, la description de la manière parfois étrange avec laquelle il trouve l’inspiration pour écrire ses chansons ou encore la lecture du déroulement des méga tournées du groupe. De « Steel Wheels » à « Voodoo Loundge » en passant par « Bridges to Babylon » et « Forty Licks » jusqu’à la dernière en date « A Bigger Bang » en 2006, le guitariste nous raconte les coulisses de ces gigantesques spectacles ambulants qui ont enflammé les foules et gardé les désormais papys du rock sur la route plusieurs mois durant, de 1989 à 2006.
Pour ce qui est de la drogue, Richards qui entretient depuis toujours un lourd contentieux avec la police britannique sur le sujet nous dévoile une tranche de vie de hors la loi héroïnomane et cocaïnomane. Une existence rythmée par la drogue, les dealers à trouver et la police aux trousses. Pas un déplacement sans savoir exactement où se procurer la poudre blanche ou avoir sur soi le quota indispensable à la tournée. Sans en faire l’apologie, Keith semble mettre en corrélation son génie et ses « fix » successifs lui procurant une énergie débordante.
Enfin pour le sexe, si l’on apprend que Mick est très souvent guidé par sa queue, Richards se décrit comme plus constant et timide quoique souvent sollicité par une horde de groupies ou de fans en délire auxquels il n’a pas toujours su résister. Mais époque et mœurs obligent le guitariste a aussi quelques trahisons à son actif et semble être passé maître dans l’art de piquer les gonzesses de ses potes (Marianne Faithfull à Jagger et Anita Pallenberg à Brian Jones avec laquelle il entretiendra d’ailleurs une relation extrêmement malsaine et sulfureuse dont il ne nous épargne aucun détail).
Ecrites avec l’aide du journaliste James Fox, ces mémoires se lisent avec régal que l’on soit ou non fan des Rolling Stones. Elles balaient un demi-siècle de rock et de libération des mœurs avec rythme et provocation. J’ai éprouvé un réel plaisir à leur lecture et espère avoir déclenché chez vous une envie de vous pencher sur l’univers un peu barré, un peu irréel, en tout état de cause très rock and roll de Keef le roi du riff.
Plein les yeux :
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