« Le soir à la nuit close quand le genre humain repose, je travaille à mon palais. De mes peines nul ne saura jamais ». Un jour d’avril 1879, au retour de sa tournée quotidienne de facteur rural, Ferdinand Cheval bute sur une pierre si bizarre qu’elle lui rappelle un rêve qui sombrait peu à peu dans l’oubli : un palais féerique dépassant son imagination.
Il va alors consacrer 33 années de son existence à modeler, nuit après nuit, dans ce qui était à l’origine son potager, un monument d’obstination. Inspiré par la nature qu’il traverse chaque jour, par les magazines illustrés qu’il distribue durant ses tournées et par les cartes postales qui commencent à apparaître en 1890, il va bâtir un Palais unique au monde.
Moqué par les uns, critiqué par les autres, il consacrera 33 ans, 10.000 journées et 93.000 heures de travail à son Palais, sur lequel il gravera « Travail d’un seul homme ». Indépendant de tous courants artistiques, ne relevant d’aucune technique architecturale, le Palais idéal est aujourd’hui considéré comme une référence mondiale de l’art brut. Ardemment défendu par André Malraux, le Palais fut classé monument historique en 1969 au titre de l’art naïf. Ferdinand Cheval a été la source d’inspiration et d’hommages de nombreux artistes tels André Breton, Pablo Picasso, Jean Tinguely, Max Ernst ou encore Niki de Saint-Phalle qui dira de lui « En 1956, j’ai visité le Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives dans la Drôme. J’y suis retournée plusieurs fois. C’est à peu près à ce moment là que j’ai rencontré Jean Tinguely. Je me rappelle lui avoir dit un jour que je connais un sculpteur bien plus grand que lui. Comment s’appelle t-il, m’a-t-il demandé? Le Facteur Cheval ai-je répondu. »
Quelques mots sur la construction du monument…
Façade Est : C’est par cette entrée que le facteur Cheval démarre la construction de son Palais. Il commence au centre par la Source de Vie sur laquelle veillent un lion et un chien. Il poursuit par la droite, édifiant successivement la grotte de Saint-Amédée, Socrate, le temple égyptien, des architectures du monde ainsi qu’un tombeau à double dalle, où il imagine d’être enterré. Pour des raisons de salubrité publique, sa demande lui est refusée. Afin d’équilibrer la façade, il bâtit à l’autre extrémité le temple Hindou, où s’entremêlent d’étranges animaux, une niche pour sa fidèle brouette. Viennent ensuite les 3 géants, César, Archimède, Vercingétorix. Au sommet, il réalise sa Tour de Barbarie, luxuriante et exotique. Il consacre 20 ans à cette façade totalement baroque et foisonnante.
Façade Sud : Il poursuit par la façade sud, constituée principalement d’un musée où il range les pierres qui lui tiennent à cœur. On y aperçoit un arbre minéral remarquable, habité de drôles d’oiseaux et de petits animaux.
Façade Ouest : La façade ouest s’inscrit dans une vision délibérément universaliste. Ici le Facteur Cheval fait cohabiter les styles de toutes les cultures, de toutes les religions : mosquée arabe, temple hindou, chalet suisse, maison carrée d’Alger, Château du Moyen-Âge. Structurée par des colonnes sur lesquelles il inscrit son nom, cette façade invite au voyage et donne accès à l’extraordinaire Galerie des sculptures au temps primitif.
Façade Nord : C’est sans doute par là que le Facteur Cheval achève son monument. Ici, il est au sommet de son art. Les modelages sont d’une grande richesse et la façade foisonnante. Serpents, biche, caïman, pélican, grenouille, Phénix, minotaure et autres figures étranges, répétitives y cohabitent sous l’œil d’Adam et Ève. Il est ici question d’enfer, de paradis, de vie, de mort. « D’un songe j’ai sorti la reine du Monde ».
En savoir plus…
Palais idéal du Facteur Cheval
8 rue du Palais
26390 Hauterives
> Site Internet : www.facteurcheval.com
>Ferdinand Cheval et l’art : cliquer ici
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