Maps to the stars : le crépuscule des idoles

Et par le pouvoir d’un mot – Je recommence ma vie – Je suis né pour te connaître – Pour te nommer – Liberté. Quand chez Xavier Dolan ces derniers vers du poème de Paul Eluard, véritable fil rouge de Laurence Anyways, sonnent comme une libération pour un trentenaire bien décidé à « descendre la pente dans la peau d’une femme », chez David Cronenberg ces mêmes vers récurrents traduisent la quête désespérée de sens de personnages plus déjantés les uns que les autres.

Feu dévastateur, cendres funestes. Innocence perdue. A l’âge où certains jouent encore aux Pokémon, d’autres plongés trop tôt dans le star system parlent déjà de coke, rehab, pognon, contrat de production et baise un whisky à la main. Les jeunes-filles au visage brûlé n’ont déjà plus d’âme et se raccrochent aux étoiles d’un boulevard crépusculaire ou d’une galaxie inaccessible.

Larmes purificatrices, eaux mortelles. Le rêve hollywoodien s’effrite. Zéro illusion. Exit les actrices vieillissantes dont la seule consolation consiste à obtenir un rôle sur le dos d’un cadavre, acculées à suivre des séances d’ouverture de chakras coachées par des pseudo-gourous véreux blindés de problèmes. Hystérique jusqu’au bout des ongles, Julianne Moore – qui au passage n’a pas volé sa récompense cannoise – campe une comédienne sur le déclin obsédée par le fantôme de sa mère ex-star du grand écran, morte en pleine gloire dans un incendie. Prête à tout pour lui rendre un hommage cinématographique, elle surfe avec aisance sur la vague d’une folie que Norma Desmond rendait déjà incroyablement tangible dans Sunset Boulevard de Billy Wilder.

Folie collective, démence meurtrière. Familles éclatées, destructrices. Le plus dingue de tous les personnages étant celui supposé soigner. Excellent John Cusack dont les doigts provoquent de véritables miracles psychologiques lorsqu’ils se glissent dans quelques trous intimes, alors que ses poings agressifs réduisent en cendre les espoirs d’une famille « monstrueuse » en quête de « normalité ».

Violent sans aucun doute, étrange, hystérique, difficilement abordable, Maps to the Stars n’en demeure pas moins fascinant, époustouflant, remarquablement joué par une ribambelle d’acteurs habités. Et si les étoiles rayonnent sur Sunset Boulevard à Hollywood, leur cœur et leur tête semblent perdus dans un système bien loin d’être solaire.

Commentaires

  1. Avatar de Alex

    Très beau film en effet. Difficilement abordable sans aucun doute. Après Cosmopolis qui m’avait laissé dubitatif, je renoue avec Cronenberg.

  2. Avatar de Polina

    Je compte bien me faire ma propre idée à ce sujet 🙂 .

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