Que dire de ce film pas comme les autres qui met sous les feux des projecteurs notre actuel chef de l’État? Deux choses me viennent immédiatement à l’esprit : tout d’abord l’envie de parler de la performance exceptionnelle des acteurs que je trouve criant de vérité. Ensuite le fait que la conquête nous plonge de manière intéressante dans les arcanes du pouvoir dans tout ce que ce dernier a de brutal, féroce, hypocrite et parfois vulgaire.
Podalydès en tête de file campe un Sarkozy plus vrai que nature, incroyablement cynique, brillant, odieux. Tout y est, la gestuelle, les manières, le ton, la coupe de cheveu, la taille, la pugnacité, la radicalité et la violence des propos. Rien que pour Podalydès le film mérite le détour. Samuel Labarthe ensuite dans le rôle de Dominique de Villepin, qui bien qu’handicapé par un scénario un brin caricatural prenant délibérément parti de ne montrer que le côté jaloux et mesquin de l’homme politique, arrive avec brio à nous faire croire au personnage. Florence Pernel tout à fait crédible dans le rôle de la femme d’honneur, celle qui malgré son amour pour un autre reviendra aider son ex-compagnon à gravir les marches de la présidence. Bernard Lecoq enfin assez convaincant dans la peau d’un Jacques Chirac que l’on imagine facilement comme décrit; un patriarche revanchard, donnant sans trop donner, complimentant pour mieux briser. La prestation est d’autant plus à saluer qu’il était difficile de ne pas tomber dans la caricature, Chirac ayant été trop imité. A noter également la prestation des seconds rôles qui, excepté Dominique Besnehard dans le rôle de Pierre Charon, tirent brillamment leur épingle du jeu particulièrement Hyppolite Girardot dans le rôle de Claude Guéant.
Bref que retenir de tout ceci? Que les coulisses du pouvoir regorgent de « prédateurs » sans foi ni loi (on le savait déjà mais là on atteint des sommets). Les rivalités entretenues entre Villepin et Sarkozy donnent lieu à des scènes d’anthologie, de joutes verbales mémorables par leur cynisme mais terriblement jubilatoires pour les spectateurs que nous sommes. Le film met ainsi en avant des déjeuners entre Villepin et Sarkozy qui s’affrontent à couteaux tirés tout en gardant le ton de la diplomatie et des airs faussement amicaux. Je sais que vous vous méfiez de moi lui dit Villepin mais je voulais vous dire que vous pouvez compter sur mon amitié. Et Sarkozy de lui rétorquer : Mais vous savez où je me la carre votre amitié Dominique. On est en guerre vous et moi, vous voulez la place de Chirac; moi aussi je la veux. Alors y’en a un des deux qui doit tuer l’autre voilà c’est la règle du jeu. C’est pour ça que je ne vous en veux même pas de dire autant de mal de moi. J’ai dit bien pire de vous. Moi ça fait trente ans que je me prépare. Pour me déloger faudra y aller à l’arme blanche. Même jubilation à l’écoute de quelques scènes entre Sarkozy et Chirac comme celle où Sarkozy brigue un cumul de mandat et Chirac de lui dire : ça fait trois mois que tu es à Bercy et déjà tu piaffes. On me dit que ton Ministère ne te suffit pas et que tu veux prendre la direction de l’UMP et je ne veux pas que tu sois président de l’UMP et ministre. On ne doute pas un seul instant que Sarkozy lui ait alors répondu – Monsieur le Président permettez-moi de vous dire une chose, je me passe de votre permission.
Pour le reste, le manque de réflexion politique, le drame sentimental de Sarkozy autour duquel le film tourne beaucoup trop et les péripéties de cet homme orgueilleux obsédé par son accession au pouvoir finissent par lasser.
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