48 ans ont passé depuis son accession au poste de directeur du Federal Bureau of Investigation (FBI). John Edgar Hoover est un vieil homme maintenant pourtant il ne lâche rien. Il se cramponne à son pouvoir, celui qu’il a acquis par sa seule volonté (et le chantage aussi quand même). Il y a mis toute son énergie et toute sa vie. Huit présidences ont défilé depuis. Les activistes communistes, l’affaire Lindbergh, la mafia, les criminels en tout genre et même les discours de Luther King militant pour les droits civiques des noirs aux Etats-Unis…voici ce contre quoi il s’est toujours battu. Le temps a passé mais Hoover est là, droit dans ses bottes, prêt à tout pour préserver la sécurité intérieur de son pays. Celle là même qui l’a poussé à réaliser des dossiers minutieusement conservés sur ses propres agents, sur certaines personnalités politiques ou encore des stars du show business en vue. Celle là même qui lui octroie le droit de mettre sur écoute JFK pour en apprendre un peu plus sur sa relation avec la sulfureuse Marilyn et exercer un odieux chantage sur la famille. Roosevelt fut une menace pour son poste de patron, Robert Kennedy un ennemi intime, Nixon l’exècre en ses dernières heures de gloire pourtant celui que maman appelait tendrement Edgar est là, fidèle au poste et toujours secondé par ses loyaux collaborateurs pour ne pas dire amants contrariés que sont Helen Gandy (sa secrétaire personnelle campée par l’impeccable Naomi Watts) et Clyde Tolson (son bras droit que joue le remarquable Armie Hammer).
Désormais accro aux injections d’amphétamines, il raconte ses exploits ou devrais-je dire en fantasme certains (selon Eastwood qui le laisse supposer à travers quelques mots de Tolson) à quelques jeunes agents du FBI, le tout filmé selon un procédé narratif constitué de flash-back. Se déroule alors sous nos yeux la vie d’un homme de pouvoir carriériste, paranoïaque, obsédé par l’ordre, manipulateur et rusé abordée jusqu’au tréfonds de sa vie personnelle plutôt pitoyable marquée par la présence d’une mère fortement castratrice (d’ailleurs Judi Dench fait franchement flipper) et par une soit disant liaison homosexuelle avec Clyde Tolson qui pour le coup le rend un peu plus humain.
Leonardo Di Caprio transformé en un vieil homme de 75 ans y est prodigieux. Quelques-unes de ses mimiques – notamment celles de la scène où il se retrouve à articuler des mots devant sa glace poussé par une mère homophobe qui lui fait comprendre qu’elle préfère un fils mort plutôt qu’un fils de la jaquette – m’ont immédiatement renvoyée à Brando dans le Parrain. Nul doute que cet acteur exceptionnel (mais ça je le savais depuis sa prestation dans Rimbaud Verlaine de Agnieszka Holland) obtienne la récompense suprême du cinéma américain.
Pour le reste, quitte à en faire bondir plus d’un, quel ennui! Je ne sais pas si c’est l’absence de rythme ou l’histoire de cet homme givrant qui ne m’a guère intéressée à la façon Eastwood (c’est à dire un brin consensuelle) ce que je regrette vivement car pour moi Eastwood est un grand acteur-réalisateur, mais ces 2 heures et demie je les ai senties passer.
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