Le film commençait lui plutôt bien. Un miroir en lévitation flotte délicatement dans les limbes. Est-ce le paradis, est-ce l’enfer? La caméra descend, surplombe un village médiéval et pénètre dans l’officine de celui que l’on comprend très vite être Faust. Gros plan sur le sexe flasque d’un homme…un cadavre. Le Docteur Faust et son assistant Wagner fouillent copieusement dans les entrailles du macchabée en putréfaction pour tenter de découvrir les mystères de l’âme humaine. Les tripes suintent et glissent visqueusement du corps syphilitique. Quel univers! Encore une fois je me laisse séduire par cette surprenante succession de tableaux animés, non sans rappeler l’oeuvre des peintres flamands, aux effets inquiétants renforcés par l’utilisation de filtres vert de gris. Le film est beau et le restera du début à la fin. Je suis immédiatement conquise. Qu’à cela ne tienne et c’est regrettable, je vais en ressortir presque aussitôt. Les images se contorsionnent, les mots jaillissent en tout sens en allemand, les dialogues elliptiques offrent une place considérable à l’évasion de mon esprit qui à ce moment précis semble franchement disposé à en saisir l’opportunité. Loin de me galvaniser l’étrangeté me faire peur, pire me dégoûte. Faust est incroyable, Mephisto repoussant. Un diable représenté comme une bête ridicule, en proie à des troubles gastriques après ingestion de ciguë, déféquant dans une église, offrant la vue de son corps nu assexué et déformé à de jeunes femmes amusées dont la sublime Gretchen objet du pacte faustien. Suivre les pérégrinations du fameux Docteur et de son acolyte (terme délibérement impropre) Cornu m’a juste ennuyée. Serais-je passée à côté de quelque chose? J’en ai bien peur mais ma sensibilité n’a pas franchi le cap.
De Goethe je n’ai lu que les Affinités Electives et surtout les Souffrances du Jeune Werther qui ne m’ont jamais quittées. Au moins le film m’aura t-il donné l’envie de me pencher sur la lecture de ce conte allemand populaire écrit sous la plume du romancier.
Laisser un commentaire