Hier soir direction Théâtre de la Madeleine pour une représentation remarquable de ce que peut être la DIPLOMATIE. Franchement, s’il est un évènement culturel de cette rentrée que je conseillerais c’est bien celui ci! Inspiré d’un fait historique réel, celui de la rencontre entre Dietrich Von Choltitz (gouverneur de Paris sous l’occupation allemande) et de Raoul Nordling (ambassadeur de Suède à Paris), le spectateur est entraîné pendant 1H30 dans d’âpres négociations entre les deux hommes dont le dénouement consistera à sauver Paris de la destruction totale à laquelle la ville se prépare sur l’ordre d’Hitler, à la veille de la libération.
Premières scènes : zoom sur le projet funeste du gouverneur allemand, campé par un Niels Arestrup charismatique en diable, prêt à inonder Paris rive gauche et à embraser Paris rive droite. Exit la ville lumière et bien plus terrible encore exit près de 3 millions de Parisiens dont les vies semblent dérisoires aux yeux de certains militaires allemands (enfin ça on le savait déjà). Mais l’obéissance aveugle n’est-elle pas la plus dangereuse? Celle qui conduit des hommes à trouver une justification à tout acte de barbarie (petit clin d’œil à mon précédent billet sur le livre de Sportès).
Puis, à pas feutré, par un chemin secret de la suite de l’Hôtel Meurisse où le QG a élu domicile, comme une merveilleuse hallucination qui deviendrait réelle, apparaît le sauveur. Tout en finesse, avec diplomatie et raison, avec un brin d’humour aussi comme pour exorciser l’horreur d’une situation gravissime, l’ambassadeur de Suède que joue un extraordinaire Dussolier, va tenter la nuit entière de convaincre Von Choltitz d’abandonner son sinistre projet. Le chemin intellectuel et affectif qu’emprunte Nordling, celui qui consiste à mettre le gouverneur fasse à ses contradictions et à ses doutes, à essayer de faire résonner en lui ce qu’il y a de meilleur, celui qui consiste aussi à lui faire comprendre qu’il faut savoir parfois remettre en cause un ordre lorsqu’il est illégal est extrêmement brillant. Le plus glaçant dans tout cela est d’imaginer que de terribles catastrophes ou au contraire le fait de les éviter reposent sur des échanges entre quelques élus ou hauts dirigeants de plus ou moins bonne volonté. Autrement dit sur beaucoup et si peu à la fois!
Cet épisode historique, je ne le connaissais pas. Si l’échange a été savamment imaginé par Cyril Gely, nous spectateur on se sent transporté dans cette époque pas si lointaine et l’on comprend alors que la diplomatie n’est pas un vain mot.
Diplomatie
Théâtre de la Madeleine
19 Rue de Surène (8è) – M° Madeleine.
Du mardi au vendredi à 21h, et en matinées le samedi de 18h à 21h
du 1er octobre au 31 décembre
En savoir plus :
> Lire l’interview des 2 acteurs (le Figaro)
Crédit photo : Théâtre de la Madeleine/Dunnara Meas
Laisser un commentaire