Ambiance poisseuse, violence sèche, rythme lent d’un western crépusculaire appuyé par des plans sublimes, une esthétique parfaite, ces Hommes sans loi valent bien un bon film des frères Coen. O’ Brother Where Art Thou? est d’ailleurs celui qui m’est venu à l’esprit au sortir de la salle. Peut-être est-ce la musique mélange de blues, de folk, de country d’un Nick Cave au sommet de son génie? Peut-être est-ce la fascination notable des auteurs pour les traditions américaines, les ambiances Grande Dépression dans les campagnes du sud-est des States? Ce sud âpre et violent des Hommes sans loi, celui si bien décrit par William Faulkner. Le vent vient pourtant d’Australie où Hillcoat retrouve encore une fois Nick Cave (qui signe musique mais aussi scénario) et une autre mauvaise graine nommée Warren Ellis pour une collaboration des plus explosive.
Voici donc l’histoire des frères Bondurant, trafiquants d’alcool réputés invincibles – le film offre d’ailleurs quelques gags jouissifs en la matière – victimes des règles imposées par la prohibition qu’un substitut du procureur compte bien leur faire respecter par tous les moyens. Et les moyens, dieu sait que le pervers mandaté en use et en abuse dans des scènes d’une brutalité incroyable dont le paroxysme pourrait être la tentative de tranchage de carotide de l’aîné des frères ou peut-être le supplice macabre du goudron et des plumes (oui, oui on est très loin des gags de Morris!) infligé à un bootlegger malchanceux. Il faut dire que la riposte, du même acabit, ne se fait jamais attendre et que nos bouilleurs de crus semblent être passés maître dans l’art de…l’émasculation. Miam! Mais si la guerre entre trafiquants, police et gangs – un passage éclair mais remarqué d’un Gary Oldman en Al Capone local ne manquera pas de séduire les amateurs du bonhomme – fait rage selon un schéma classique de bastons, fusillades c’est pour mieux servir une mise en scène impeccable où les acteurs sont presque tous excellents. Hormis Shia Labeouf un peu mou du genou dans le rôle du plus jeune des Bondurant, timide, légèrement peureux, tendre et impulsif, la distribution ne manque pas de panache. Mention spéciale à Tom Hardy, aîné de la tribu, véritable locomotive d’un tramway nommé désir.
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