Le cinéma d‘Ozon est toujours un peu dérangeant. Gouttes d’eau sur pierres brûlantes, Sous le sable, Swimming pool, autant de films étranges, fascinants. Des univers où le spectateur se laisse happer, manipuler tout en se demandant si le cinéaste n’aurait pas osé par hasard se foutre un peu de lui. Dans la maison ne fait pas exception! Perversion flirte avec manipulation, le malaise s’installe. Trop présent parfois, il en devient presque comique. Claude – élève dans la classe d’un professeur ordinaire ayant raté sa vocation d’écrivain – se retrouve à raconter lors d’un exercice imposé, sa journée dans la maison d’un camarade de classe. Style séduisant, langage incongru, tournures linguistiques parfois méprisantes pour ce qu’il appelle l’odeur corporelle de la classe moyenne, notre visiteur attise l’intérêt de l’homme de lettres en mal de sensations fortes et d’émulation sur le plan littéraire. Terence Stamp des temps modernes, le lycéen va petit à petit venir troubler l’ordre moral du foyer régi par l’ennui sous le regard complice du prof autant manipulateur que manipulé. De textes en textes, les deux acolytes vont écrire ensemble l’histoire de cette famille, essayer de la transformer l’un par la parole, l’autre par les actes, de donner du relief à chacun des personnages quitte à imaginer… l’irréparable. Fiction et réalité s’entrecroisent et confortent cette étrange sensation de manipulation.
L’ombre de Pasolini avec Théorème autant que de Flaubert avec son bovarysme et sa « Félicité » semble planer sur cette macabre farce dont le dénouement, bien qu’ironique, m’a moyennement convaincue. Un bovarysme poussé à bloc par une Emmanuelle Seigner impeccable. Une révélation également que Ernst Umhauer savoureux mélange de Stamp dans Théorème auquel on aurait ajouté un « je ne sais quoi » d’innocence enfantine de Björn Andrésen, l’adolescent androgyne et somptueusement beau de Mort à Venise. Pour le reste, mise à part Luchini égal à lui même, les acteurs semblent s’ennuyer ou surjouent dans cette maison dans laquelle j’ai eu beaucoup de mal à pénétrer.
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