Il y a des films ou plutôt des réalisateurs qui me motivent toujours rien qu’à l’évocation. David Lynch fait partie de ceux-là. Depuis que j’ai vu Blue Velvet, les déboires de la fragile Dorothy Valens, l’oreille coupée retrouvée dans l’herbe par Jeffrey et ce dangereux psychopathe pervers que campe Dennis Hopper, je ne peux m’empêcher d’être irrémédiablement attirée – que dis-je aspirée – par le cinéma de Lynch. Son mystère, sa plongée au cœur de la psyché humaine, l’invitation qu’il nous offre à essayer de déchiffrer mathématiquement ou peut-être plutôt à interpréter les enchevêtrements de pistes tendues tout droit sortie d’un labyrinthe cérébral dont nous n’avons pas les codes. … Twin Peaks, Lost Highway, l’expérience la plus complexe fut sans doute Mulholland Drive. Qui peut me dire à ce jour ce qu’il en a compris? Et pourtant ce n’est pas faute de m’être concentrée. Rêve éveillée, cauchemar, retour au réel, flash mental Lynch nous propose une descente dans les méandres de l’imagination plus ou moins captivante, frustrante, énervante mais toujours passionnante.
Pour Cronenberg, c’est un peu pareil. J’entends, dans l’envie de goûter à un cinéma obscur, ésotérique flirtant avec l’irrationnel et ancré dans un univers particulier. La passion en moins, la déception en plus. Je m’étais déjà fait piéger, avec A Dangerous Method, à regarder dans un état de torpeur avancée le cinéaste s’empêtrer dans des bavardages et des querelles psycho-sexuelles besogneuses et sans intérêt entre Freud et Jung. Moi qui suis particulièrement sensible au sujet, j’avoue avoir alterné périodes de profond ennui et irrésistible envie de me casser du cinéma.
Je remets ça et cette fois avec Cosmopolis. *Soupir* pourquoi ce film? Pour le réalisateur dont l’excellent eXistenZ basé sur la confusion entre réalité et monde virtuel m’avait scotchée (il faudrait que j’arrive à me détacher quand même). Le choix du sujet également, à savoir l’autodestruction lapidaire d’un richissime golden-boy totalement ruiné dans un monde où le capitalisme touche à sa fin. Mais aussi la curiosité à découvrir Binoche et Amalric dans le cinéma de Cronenberg, mater la prestation exceptionnelle de Pattinson que je ne connaissais pas jusque là. Le reste n’est que verbiage et discours sibyllins d’un ennui mortel. Des scènes condescendantes où le héros blasé enfermé dans une limousine blanche qui lui sert de maison et de rempart contre le monde désespéré de la rue symbolisé par le « rat », se retrouve a donné audience dans sa caisse à quelques maitresses de passage en mal de sensations fortes, à des médecins venus lui tâter la prostate (asymétrique, on est content pour lui) pendant qu’il discute avec une joggeuse en sueur ou encore à une coach théoricienne psalmodiant de manière absconse sur le cyber capitalisme. Vous avez vu cette phrase, elle est longue et chiante, non? Tout à fait à la hauteur du film de Cronenberg, c’est vous dire!
Le pire étant sans nul doute la scène finale d’une demi-heure entre Eric Parker (notre héros) et son présumé futur tueur qui se lancent tous deux dans une logorrhée sur…oups je ne pourrais pas vous dire je crois que j’étais déjà plus dans le Cosmos que dans Cosmopolis.
Petite mention toutefois pour la B.O (Howard Shore + Groupe Metric) que je vous mets ici en écoute : Cosmopolis (2012) – Mecca (Soundtrack OST) [LoudTronix.me]
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