Une découverte que Jean Cocteau à l’adolescence! Tant ses livres que ses films m’ont interpellée. Original et avant-gardiste il côtoya les plus grands et flirta avec l’opium. Eh oui, certains diront que je me spécialise en ce moment dans les accrocs aux opiacés et autres substances illicites, mais que voulez-vous en littérature comme dans l’art en général ils sont quand même pléthores! A croire que génie rime avec toxicomanie. Mais ne nous égarons pas et loin de moi l’idée de faire du prosélytisme à ce sujet.
De Cocteau, je me rappelle avec nostalgie de « La Belle et la Bête ». Jean Marais monstrueux, imposant. Une simple présence et j’en tremblais pour la Belle. Mais au-delà du charisme de ce géant du cinéma, je crois que ce qui me fascinait surtout, c’était l’atmosphère étrange du film qui me mettait parfois mal à l’aise. A l’intérieur du château de la Bête, des chandeliers en mains humaines, des jardins vivants et des statues qui s’animent.
Tout un univers fantastique et surréaliste que l’on retrouve dans Orphée, son adaptation moderne du mythe du même nom. Orphée, c’est l’histoire de ce jeune éperdu qui choisit de rejoindre sa bien-aimée Eurydice dans le monde des morts… de l’autre côté du miroir. Cocteau va tout au long du film savamment jouer avec le miroir (liquide) comme symbole du passage entre la vie et la mort. Il dira d’ailleurs que « Les miroirs sont les portes par lesquelles la mort vient et va. Du reste, regardez-vous toute votre vie dans un miroir, et vous verrez la mort travailler, comme des abeilles dans une ruche de verre. »
Si je vous parle de Cocteau aujourd’hui c’est parce que je viens de relire les Enfants Terribles. J’avais déjà dévoré ce livre à l’adolescence et en ai curieusement gardé un souvenir « presque » intact. La problématique du refus d’accéder à l’âge adulte symbolisée par cette chambre dans laquelle Paul et sa sœur Élisabeth entretiennent une relation fusionnelle et se complaisent à nier le monde réel, avait à l’époque fait écho chez moi. Ne parlons même pas de la fin traumatique ! Or si je dois bien l’admettre je ne fus pas à deuxième lecture aussi enthousiaste que je le fus à 18 ans, cette nouvelle immersion dans l’univers de Cocteau fut un réel plaisir et m’a donné envie de revoir et relire cet artiste atypique.
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