Charles IX reste pour moi un roi mal aimé, manipulé par les siens, à l’origine malgré lui d’un des massacres religieux les plus odieux, suant en fin de vie du sang par tous les pores de sa peau. La légende voudrait qu’il eut été empoisonné par sa mère Catherine de Médicis, une femme politique perçue comme inquiétante, cruelle et austère. Je le vois sous les traits de l’excellent Jean-Hugues Anglade remarquable dans le film de Chéreau – La Reine Margot. D’ailleurs en lisant Teulé je n’ai pu m’empêcher de repenser à ce film incroyable. Du grand Chéreau. Des scènes d’hystèrie où l’on flirte avec la folie d’une famille de morts-vivants en proie à la haine fratricide, à la haine de l’autre, celui qui n’a pas la même religion, le « parpaillot » (que ce mot est laid pour désigner les protestants!).
Je partais donc en mettant la barre très haut et c’est sûrement pourquoi j’ai été un peu déçue par Charly 9. Jean Teulé propose certes avec humour et beaucoup de cynisme une libre interprétation de la vie de Charles IX mais le style est trop théâtral et lourd à mon goût. Charles IX y est décrit comme un roi pathétique, totalement cruel envers les animaux (l’ouvrage regorge de scènes le présentant comme un dingo de la chasse en chambre, si si je vous assure, un fana des lâchés en intérieur de lapins et autres cerfs suivis de carnages), sombrant petit à petit dans la folie après avoir ordonné le massacre de la Saint-Barthélémy.
Charly 9 n’est pas désagréable mais n’apporte rien à notre connaissance historique tant il relève de l’anecdote. Après tout pourquoi pas puisqu’il s’agit d’une fiction. Mais là où j’ai trouvé Chéreau extrêmement brillant dans sa libre interprétation de l’histoire, j’avoue m’être un peu ennuyée à la lecture de Charly 9 où nous sommes juste entraînés dans la spirale de folie d’un roi totalement décalé et loufoque (pour ne pas dire débile), détesté par sa mère qui n’attend que sa mort pour porter Henri III, son fils bien-aimé qu’elle appelle « Mes Chers Yeux » sur le trône de France. Bon divertissement mais sans plus.
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