Point de ténèbres. Le jour s’achève. La ville s’illumine. Jaillit tout à coup la beauté que peut offrir une ville éclairée. Les monuments révélés dans leur volume par la lumière qui les baigne. Bien plus que sécurité et fonctionnalité, la lumière crée une atmosphère, du lien social, rend les lieux abordables, en transforme la perception. Image diurne, image nocturne. Autre lecture. Métamorphose en pépites qui scintillent. Le monde si grand à portée de main. Zoom avant, la lumière irradiée par les bâtiments modifie leur nature. Leur peau – barrière infranchissable – devient communicante. Simple éclairage, révélatrice de surface, brillance ponctuelle, jaune, rouge, orangée ou bleutée… et la lumière fut!
La magie des lumières, Yann Kersalé en a fait son métier. Choisir l’ombre pour exprimer son talent, « sculpter » la nuit comme d’autres sculptent la terre pour révéler les mouvements, les espaces, les objets. Déclinaison chromatique ou sobriété absolue, le temps d’un instant l’onde lumineuse transcende la beauté naturelle. Pour le plaisir des yeux, rêver devant les « mises en abîme » de l’artiste.
Sans lumière, point d’ombre et cet article a été aussi pour moi l’occasion de demander à mon amie Mona de me proposer des aquarelles ayant pour thème « La ville, la nuit ». Un regard un peu noir, un peu bleu, un peu pluvieux. La réponse en finesse et poésie dans l’ombre de Francis Carco…Saint-Martin Blues.
Quand je t’attendais, dans ce bar,
La nuit, parmi les buveurs ivres
Qui ricanaient pour avoir l’air de rire,
Il me semblait que tu arrivais tard
Et que quelqu’un te suivait dans la rue.
Je te voyais te retourner avant d’entrer.
Tu avais peur. Tu refermais la porte.
Et ton ombre restait dehors :
C’était elle qui te suivait.Ton ombre est toujours dans la rue
Près du bar où je t’ai si souvent attendue,
Mais tu es morte
Et ton ombre, depuis, est toujours à la porte.
Quand je m’en vais, c’est à présent moi qu’elle suit
Craintivement, comme une bête.
Si je m’arrête, elle s’arrête.
Si je lui parle, elle s’enfuit.
Merci à Mona Fontina pour les aquarelles et Christopher Ingham pour Paris by night en illustration.
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