Je viens de relire cet excellent roman de Françoise Sagan. Si aujourd’hui je suis totalement convaincue j’ai curieusement mis du temps avant de me lancer dans un Sagan. Quand j’étais gamine, cette femme me faisait peur. Inaudible, parfois incohérente, physique disgracieux et réputation d’oiseau de nuit rongé par l’alcool, je crois que je craignais d’entrer dans un univers que je pensais m’être étranger et que je pressentais à tort inaccessible. Idiotie de ma part. Jugement hâtif et sans fondement. En fait cette femme était sans nul doute une vraie épicurienne, attachante et libre à la fois et c’est finalement cette manière de voir la vie que reflètent ses romans.
Quand enfin j’ai goûté, je me suis vite rendue compte qu’avec Bonjour Tristesse j’abordais une œuvre marquante, de celle qui vous laisse vide une fois terminée, que l’on a envie de regoûter souvent et qui finalement nous construise un peu.
Françoise Sagan a écrit ce roman a 17 ans, le même âge que celui de Cécile son héroïne. L’intrigue se déroule à Saint-Tropez. Cécile et son quadragénaire de père vivent tous les deux une vie sans entrave, libres et quelque peu insouciants. Le père semble plus préoccupé à courir les jeunettes qu’à parfaire l’éducation de sa fille qui y trouve son compte. Arrive alors dans leur vie, au beau milieu de ces vacances de rêve, une femme de 42 ans, belle, intelligente, cynique et fascinante qui va chambouler ce bel ordre établi et apprivoiser le père. Cécile se sent acculée, prise au piège et la voit comme « un beau serpent venu tout leur voler ». Craignant de perdre sa liberté, l’adolescente décide alors de convaincre son petit ami et voisin – Cyril – de simuler une aventure amoureuse avec l’ex-compagne de son père, délaissée quelques jours à peine après l’arrivée de « l’intrigante », afin de rendre son volage de père jaloux.
Je vous tairai la fin (surtout pour ceux convaincus par la lecture) bien que le titre en dise déjà long sur le sujet. J’y ai particulièrement apprécié l’ambivalence des sentiments de la jeune-fille tiraillée entre son désir de faire disparaître cette femme qui lui vole sa liberté (et au passage son père) et sa fascination pour un être à qui tout semble réussir. Publié en 1954, Bonjour tristesse fit scandale mais pas pour les bonnes raisons. Le scandale tournait autour du fait qu’une jeune femme (Cécile) puisse coucher avec un homme (cyril) sans se retrouver enceinte et devoir se marier. Or le vrai scandale de cette histoire, Sagan le révèlera elle-même, vient plutôt de l’attitude de Cécile dont l’inconscience, l’égoïsme et le cynisme conduiront au tragique.
Pourtant, on ne peut s’empêcher de la comprendre parfois un peu…
Fort de son succès, ce roman fut également adapté au cinéma par Otto Preminger en 1958. Cerise sur le gâteau c’est la sublime Jean Seberg qui repris le rôle de Cécile. Je vous propose la scène finale absolument remarquable :
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