Elle se mérite cette exposition à la Cinémathèque française, sachez-le. Tellement, qu’après 1h30 d’une queue qui n’avançait pas sous un vent frigorifiant j’ai commencé à me demander si je n’allais pas être dégoûtée définitivement de l’artiste. En tout cas j’en arrivais à me dire qu’il faudrait qu’elle soit sacrément intéressante cette expo pour qu’un coup de froid et de pompe plus tard je ne regrette pas mon périple au 51 rue de Bercy.
Eh bien non je ne regrette pas. Quoiqu’un peu courte et que l’on aime ou pas Burton, elle vaut franchement le détour. Dessins, photographies, figurines, courts extraits cinématographiques, le visiteur est d’emblée projeté dans l’antre de l’artiste. Une immersion dans le Burtonarium, dans les méandres d’un cerveau de barjo. Un univers souvent sombre renforcé par des dessins croqués à l’encre noire dont certains, empreints d’une forme d’ironie corrosive, ne sont pas sans rappeler les Idées Noires de Franquin. Mais aussi des dessins plus colorés d’une finesse et d’une beauté mesurées toujours aussi étranges par la poésie macabre instillée. Il faut dire que les sujets représentés flirtent plus avec Freaks et La famille Addams qu’avec La petite maison dans la prairie (oui cette comparaison m’amuse). Car d’enfant-monstre à tête d’huitre ou d’anti-héros un peu cradingue tel Stain Boy en passant par des femmes et des hommes cabossés, ratatinés, énuclés, protéiformes, des couples bizarres véhiculant des messages plein d’humour, des nains ou encore des créatures de l’espace, voici de quoi est fait l’univers Burtonien pour qui ne le saurait pas déjà.
Présentée aussi sous forme chronologique, l’expo s’attarde sur les dessins d’un Burton étudiant fréquentant une école d’arts en Californie puis embraye sur le passage de l’artiste par les Studios Disney : A cette époque dira t-il j’avais le plus grand mal à mettre un pied devant l’autre. J’ai appris à dormir au boulot, mon crayon à la main afin d’avoir toujours de quoi griffonner si quelqu’un pénétrait à l’improviste dans la pièce. Je me comportais de manière étrange. Je m’installais fréquemment au fond d’une armoire dont je ne sortais pas ou m’asseyais en dessous de mon bureau. Cherchez l’erreur! Qui des Studios Disney ou de Burton étaient le plus déjantés? En tout cas, un certain nombre de traits stylistiques propres à Burton émergeront au cours de cette période, notamment son recours aux masques et aux transformations corporelles ainsi que son exploitation de la relation entre l’enfance et l’âge adulte.
L’expo se poursuit ensuite par l’œuvre cinématographique de l’auteur variée en genres (film de super héros, biopic, film de science-fiction ou comédie musicale) mélangeant savamment le monstrueux et le merveilleux. Ces films qui frappent à la porte de nos rêves et de notre subconscient […] qui ont un impact thérapeutique comme autrefois les contes de fées. Petit arrêt devant la main coupante d’Edward et son armure gothique, devant le pull mohair rose bonbon d’Ed Wood, devant de jolies esquisses des personnages de pellicules jonchant les murs ainsi que devant quelques extraits de films projetés dans un renfoncement; partie qui à mon sens est de loin la moins aboutie et intéressante de l’expo.
Puis ce moment s’achève, un peu trop vite à mon goût, par la présentation d’une centaine de petits dessins originaux faits sur des serviettes de tables. Un très bel instant qui m’a permis d’en apprendre un peu plus sur un artiste que j’appréciais déjà. Ah oui une dernière chose, si vous vous décidez à aller la voir, ne faîtes pas comme moi, pensez à acheter votre coupe-file!
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