American Psycho est un chef d’œuvre littéraire. Pourquoi un chef d’œuvre me direz-vous alors que la définition même reste difficile à dresser et surtout relève plus du personnel que de l’objectif ? Parce que pour moi un chef d’oeuvre atteint en plein coeur, fait partie des oeuvres que l’on oublie pas, de celles qui comptent à jamais. La controverse sans équivalent autour de la sortie d’American Psycho ne fait d’ailleurs que renforcer, à mon sens, l’idée que ce livre est exceptionnel et unique.
Très peu ont provoqué chez moi une telle fascination cristallisée autour d’un personnage pourtant cynique, cruel, sadique et psychopathe.
Comme il se qualifie lui même, Patrick Bateman est « jeune, créatif, sans scrupules, extrêmement motivé et performant ». Un vrai CV de winner « foncièrement indispensable à la société ». Golden boy à Wall Street, il est l’archétype même de la réussite arrogante dans une société capitaliste à l’origine d’inégalités sociales clairement dénoncées par Brett Easton Ellis tout au long du livre.
Mais si Patrick Bateman semble en surface parfaitement intégré, il a pour habitude au mieux de provoquer les clochards qui mendient en leur faisant le coup du « dollar-qui-te-passe-sous-le-nez », au pire de leur crever les yeux et de les poignarder sauvagement. Et ses méfaits ne s’arrêtent pas là, Patrick Bateman a également pour habitude d’attirer chez lui toutes sortes de femmes pour mieux les violer, les torturer, les tuer, les découper et même les dévorer. Pour ce faire il use d’un panel d’ustensiles tous plus délirants les uns que les autres : ainsi perceuse, pistolet à clous, et même un rat l’aident à accomplir sa bien sinistre tâche.
American Psycho c’est le journal de ce fou-furieux que l’on voudrait haïr et mépriser du plus profond de nos âmes mais auquel il est totalement impossible de s’identifier. Ce type n’est pas humain, c’est une machine à tuer. Il est donc impossible d’éprouver la moindre empathie ou le moindre sentiment, fusse t-il négatif, à son égard. L’horreur vient plutôt des situations décrites avec force détails. La nausée nous guête à chaque instant et, aussi bizarre que cela puisse paraître, le rire un peu aussi provoqué par des situations vraiment cocasses. Pour exemple la scène du pressing où Bateman va faire laver ses draps tâchés de sang chez une petite chinoise complètement affolée qu’il finit par traiter de tous les noms. Une cliente connue de lui entre et voici qu’il se perd en explications sibyllines « C’est, euh…du jus d’airelle, euh…de framboise ». Vraiment très amusant!
Et chez nous, de s’installer un sentiment de malaise : pourquoi diable enfin avons nous envie de suivre les tribulations sordides de ce détraqué? Serions-nous un peu voyeur? Sans nul doute.
En attendant, le génie de l’auteur ressort tout au long de cette pépite qu’est Américan Psycho tant dans l’écriture des dialogues que dans la description des scènes les plus abominables.
Alors avis aux amateurs mais attention « abandonne tout espoir toi qui pénètres ici » car la voie est « sans issue » et ce sera le mot de la fin!
American Psycho est un roman de Brett Easton Ellis écrit en 1991.
Le roman a été adapté au cinéma en 2000 : Synopsis ici.
Photos :
> Illustration du film (photo en haut à gauche) par Justin Reed
> Photo 2 : Christian Bale dans American Psycho/ DR
> Photos 3 : Brett Easton Ellis/ DR
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> Site consacré à Brett Easton Ellis
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