Le nu masculin fait-il encore réellement scandale? Parité, mon cul! En la matière il est effectivement notable que là où la femme étale en 4×3 sa nudité voluptueuse pour vendre saucisson, voiture et lingerie fine, l’homme en simple appareil sur papier glacé reste « gay-ment » connoté. Sûrement à l’aune d’une époque où l’on entend encore – et je n’en avais pas pris la mesure avant la polémique suscitée par le projet de loi sur le mariage homo – des conneries abyssales sur l’amour et la reconnaissance sociale de l’union entre 2 personnes de même sexe.
Or voilà que le Musée d’Orsay se penche sur le nu masculin. Le corps, objet de désir, dont la représentation implique aussi d’explorer l’homoérotisme latent qui parcourt certaines œuvres. Etre nu c’est un peu se mettre à nu, dévoiler de sa fragilité, laisser de sa soi-disant virilité au placard. Celle qui fait qu’un sexe en érection représente la toute puissance masculine alors que photographies, dessins, sculptures, peintures véhiculent un homme naturel, le sexe « en berne » ou dissimulé sous quelques draperies. Pour autant il faut savoir distinguer la nudité et le nu. Un simple corps dépouillé de ses vêtements qui suscite la gêne par absence de pudeur diffère de la vision épanouie d’un corps remodelé et idéalisé par l’artiste.
S’appuyant sur la richesse de son propre fond et des collections publiques françaises, le Musée d’Orsay avec l’exposition se donne comme ambition d’approfondir – dans une logique interprétative, ludique, sociologique ou philosophique – toutes les dimensions et significations du nu masculin dans l’art. De Jacques-Louis David à Pierre et Gilles en passant par Gustave Moreau, c’est tout une filiation qui se fait jour autour des questions de pouvoir, de censure, de pudeur, d’attente du public et d’évolution des mœurs.
Alors, au-delà des spéculations, fantasmes et autres exhibitions grandeur nature d’étudiants en mal de sensation que l’événement génère, en vaut-il vraiment la peine? Il semble qu’il cumule quelques erreurs de méthodes en passant outre toute réflexion historique qui pourrait le rendre crédible et moins confus. Faute d’artistes de renom, il met également en avant des petits maîtres dont les tableaux frisent parfois le ridicule (vous savez de ces tableaux que l’on regarde un peu dubitatif en essayant d’y trouver un quelconque intérêt). Il reste néanmoins l’occasion d’y admirer des Gustave Moreau, Egon Schiele, Rodin et autre Cézanne. Et peut-être, qui sait, de mettre aussi un « petit » coup de pied dans la fourmilière.
En savoir plus :
> Masculin/Masculin, l’homme nu dans l’art de 1800 à nos jours
Grand espace d’exposition
Du 24 septembre 2013 au 2 janvier 2014
Site Internet du Musée d’Orsay
Laisser un commentaire