Échappé belle, je ne sais pas. Sûrement un peu trop tôt pour le dire mais l’exposition en forme de parenthèse anticrise à laquelle m’a conviée l’association Ahahah! (triple A ça ne vous rappelle rien? bien que nous soyons amputés d’un de ses éclats) a quelque chose d’une bouffée d’oxygène. Pas forcément pur. Pourtant, après tout, mettre le nez dans le dérèglement de notre système et envisager des échappatoires imaginables ou imaginaires par le biais de créateurs de talent, ça fait du bien.
Car s’éloigner de la grisaille, s’évader au-delà des limites du quotidien, s’envoler vers des horizons lointains en pensant un monde meilleur, créer et inventer perpétuellement des moments de rêve, d’émerveillement et de liberté, voilà le pari tenu par les 50 artistes (de l’art graphique, de la vidéo, de la photo, de la mode, de la musique ou de la danse) ayant participé à cette exposition.
Chacun vient témoigner, avec ses mots, ses dessins, ses photos, son art que la puissance créatrice et l’audace sont les armes dont nous avons besoin pour sortir de la crise. Pour inventer le monde de demain. Pour entrer avec force et confiance dans cette phase de mutation.
L’exposition extrêmement poétique se tient actuellement et jusqu’au 21 juin sous la nef du Grand Palais dans le cadre des animations et événements organisés par « Cinéma Paradiso« , seul bémol d’ailleurs car du coup très loin de la mettre en valeur comme elle le mérite.
Voici quelques œuvres et artistes parmi ceux qui m’ont le plus marquée :
Liu Bolin se fond dans le décor pour signifier l’effacement de son individualité dans la société chinoise. La photographie présentée ici ironise subtilement sur le sens des slogans politiques chinois. « Le bonheur s’est renversé » et « Le bonheur nous est tombé sur la tête » sont les messages que l’artiste veut faire passer en se fondant dans le sinogramme du bonheur. Un bonheur qui n’est pas encore arrivé.
L’évasion par la force du groupe. L’homme peut dépasser la structure sociale dans laquelle il évolue, peut dépasser la souffrance, la peur. Les femmes pour JR symbolisent ces nouveaux héros. Ces guerrières du quotidien qui changent l’aspect du monde dans lequel on vit.
Par un traitement minutieux de l’image et de son espace temps, Lucie & Simondépeuplent et donnent des airs d’abandon à des lieux publics pourtant célèbres pour leur capacité à mobiliser les foules. Ils rendent alors disponibles des lieux connus de tous et permettent au spectateur d’imaginer de nouveaux usages de ces lieux.
L’œuvre à distance, laisse voir des paysages embrumés et paradisiaques qui semblent appartenir aux temps anciens. En s’approchant, on aperçoit que l’imagerie urbaine contemporaine est omniprésente, anticipant les effets dévastateurs de l’industrialisation et de l’urbanisation sauvages. L’homme est seul. Observateur impuissant.
> Site internet de l’artiste
Bon là c’est vrai, la photo ne rend rien à la sensation hypnotique qui nous prend lorsque l’on regarde l’œuvre puisqu’il s’agit d’une invention en mouvement. Les cinq gouttes de Timedrop tombent continuellement dessinant les motifs de cette clepsydre hybride. En s’approchant le visiteur perturbe le rythme de l’horloge, dérègle le temps qui s’arrête, une nymphe lumineuse vient le saluer tandis que les gouttes se muent en filets d’eau plus ou moins forts en fonction de ses mouvements.
En chacun de nous sommeille un héros. Dans la série « Real Life Super Heroes », Pierre-Elie de Pibrac met en valeur un phénomène récent aux Etats-Unis : des individus, sorte de super héros contemporains, s’attaquent de front et de façon décalée à la misère, à la violence et à l’incivilité. Des photos imprimées sur les murs des villes, les trottoirs. Les super héros sont dans la ville.
En savoir plus :
L’échappée Belle Grand Palais Avenue Winston Churchill Paris 8ème du 10 au 21 juin 2013 Accès libre de 11h à 21h00 avec le « pass journée » (13 euros)
🙂 Superbe expo oui mais sur 10 jours. C’est peu je te l’accorde pour le Lyonnais que tu es qui pourtant vient finalement assez souvent sur Paris il me semble.
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