The Buns : Interview

Deux femmes bien de leur époque, rockeuses énergiques et déterminées faisant voler en éclat les clichés éculés de la femme au foyer en prenant comme ancrage les années 50 aux USA. Il fallait oser! Allez les secrétaires, on vire les chignons, les corsages blancs amidonnés, les jupes trop droites et trop longues, on dégage le patron et on s’éclate en jean avec Molly Jin & June Cooper dans de vieux hangars qui puent l’essence, la terebenthine et la sueur. Rencontre avec Émilie et Julie.

Luzy : Julie Gomel et Emilie Rambaud, vous formez The Buns, Parlez-nous de votre rencontre ? Pourquoi The Buns ?

The Buns : Nous nous sommes rencontrées en 2010. Nous accompagnions le chanteur Ludéal en tournée. Nous avons ensuite continué à jouer chacune dans divers projets et avons commencé à intégrer les groupes de l’une et de l’autre (The Romance et Clint is Gone). Au détour d’un bœuf rock n’roll en duo, nous avons commencé à composer ensemble et décider naturellement de concrétiser le duo. Nous cherchions un nom qui puisse symboliser à la fois la femme et le début de son émancipation. L’image de la secrétaire typique des années 50 nous plaisait, comme celle de faire voler en éclat son tailleur et les pinces de son chignon : THE BUNS.

Luzy : Vous venez d’ailleurs de sortir un EP 5 titres intitulé « The True Story of Molly Jin and June Cooper » un peu « Mad Women » sur les bords (en référence à la série Mad Men) basé à une époque peu émancipatrice où la femme semblait être définitivement reléguée au rôle de mère au foyer. Et au-delà à une époque où la femme elle-même associe sa réussite moins à une promotion qu’à une proposition de mariage de la part du patron. On est ici très loin des secrétaires de jour, rockeuses extraverties de nuit. Alors pourquoi ce choix du Chicago dans les années 50 en tant que secrétaires? Que vous inspire cette période aux USA, notamment pour la femme?

The Buns : Purement esthétiquement, l’imagerie glam du Chicago des années 50, à la fois très éloignée de nos vies et en même temps familière dans son aspect cinématographique, nous attirait. Nous trouvions amusant de se jouer des codes de l’époque en inversant les rôles hommes/femmes ou en détournant les attitudes et les bonnes manières des secrétaires et ménagères de moins de 50 ans. En écrivant sur l’amour, le travail et nos vies quotidiennes, nous nous sommes aperçues qu’on pouvait aisément faire un parallèle entre la vie de ces femmes et la nôtre. Sans vouloir défendre sérieusement la condition de ces femmes, nous nous sommes servies de cette époque déterminante dans l’évolution des mœurs et des droits de la femme comme source d’inspiration pour nos chansons.

Luzy : Sur les 5 titres, un – intitulé « Cassidy » – est en français dans une histoire typiquement américaine, Molly and June c’est un peu vous, non ?

The Buns : Molly et June sont nos jumelles américaines, celles qui osent lâcher prise et briser les codes. Cassidy est la seule déclaration d’amour de l’EP, la plus personnelle peut-être, elle est sortie naturellement dans notre langue maternelle.

Luzy : Julie, vous êtes également connue pour être guitariste « occasionnelle » d’AaRON et pour avoir fait avec votre groupe Clint is Gone la première partie de leur concert au Trianon de Paris, quels sont vos rapports avec Simon et Olivier ? Comment les avez-vous rencontrés ? Que vous ont-ils apporté ? Que pensent-ils de votre EP ?

Julie : J’ai rencontré Simon et Olivier via myspace. Ils cherchaient une multi-instrumentiste pour leur tournée. Ils m’ont contactée, on s’est rencontré et le courant est tout de suite passé. Ce sont des artistes très ouverts musicalement. Ce sont eux qui nous ont gentiment proposé de faire leur première partie au Trianon avec Clint is Gone car ils aimaient ce qu’on faisait. L’expérience avec AaRON a été très formatrice pour moi. Surtout au niveau de la scène et à la maitrise de la guitare électrique que j’abordais à peine au tout début des répétitions avec eux ! Cette tournée avec AaRON m’a apporté de la rigueur dans le travail du son et un certain professionnalisme. Mais j’en retiens surtout une belle rencontre humaine ! Ils ont écouté l’EP de THE BUNS et sont aussi venus nous voir en concert, ils nous encouragent et leur soutien nous fait plaisir car ils font partis de ceux qui ont assisté à la création du groupe et des chansons.

Luzy : Cet album très rock et féminin s’anime frénétiquement sous les riffs de guitare électrique de Julie et les rythmes de percussions d’Emilie, d’où vous vient à toutes deux cette culture rock ? Quelles ont été vos influences ?

Julie : J’ai été bercée toute mon enfance par les groupes rock des années 70, en particulier Led Zeppelin. Mon père est guitariste, c’est lui qui m’a appris mes premiers accords de guitare. Je l’ai toujours entendu jouer des riffs de Led Zep, Deep Purple, The Beatles… Je pense que ces sonorités rock ont toujours été en moi, mais mes premières expériences en tant que musicienne étaient plutôt folk. Je suis revenue vers le rock progressivement et finalement je me rends compte que cette musique m’a toujours suivi de loin. Elle fait partie de mon «inconscient musical».

Emilie : J’ai aussi été bercée enfant par le rock anglais des 70’s (Led Zep, Rolling Stones, Beatles) et la folk de Neil Young ou de Crosby, Stills and Nash, et à l’adolescence par le rock américain des 90’s (Nirvana, The Red Hot Chili Peppers). J’ai découvert ensuite le hip-hop, le jazz, la soul, la chanson française, l’électro. Ce que je préfère dans la musique des années 2010 est le mariage parfois très réussi de tous ces styles. Le rock est pour moi une attitude, un état d’esprit, une liberté de s’approprier les choses en se dégageant des contraintes et des codes.

Luzy : A quand un album et n’est-ce pas trop difficile pour un jeune groupe d’en produire un à une époque où l’industrie musicale est en crise victime de la dématérialisation ?

The Buns : La crise n’empêche pas l’inspiration et l’envie, elle oblige juste à trouver d’autres ressources pour avancer. Ce qui n’est pas toujours un mal et donne naissance à des collaborations souvent plus humaines et plus motivées. Nous remercions au passage Hugo Ceschoz, qui a enregistré et mixé notre EP dans son Atelier Clandestin en Picardie. Le reste de l’album est déjà écrit, il n’y a plus qu’à !

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