Etat de New York dans les années 50, un groupe de jeunes-filles en manque d’affection sur le plan familial et révoltées par les humiliations, la violence, le machisme subis par les femmes au quotidien décide de s’unir pour combattre le « mâle ». Son pacte scellé, marqué du sceau de la flamme, le gang – regroupé autour d’un leader charismatique – se met à tirer à boulet rouge sur la société pourvoyeuse de femmes soumises au dictat de l’étalon « Homme » les reléguant au rôle de mère ou de pute (vaste et noble combat qui près 60 ans plus tard est d’ailleurs loin d’être gagné!). Taguant des bagnoles de prof « I teach math and tickle tits « , des vitrines de magasin « dollars = shit = death « , allant même jusqu’à avoir recours à la violence physique ces féministes exaltées savourent une forme de liberté qu’elles semblent au départ bien naïvement exploiter. Sans doute est-ce normal me direz-vous qu’à 15 ans les contours d’un combat demeurent encore assez flous et que la cause en soit du coup galvaudée mais la manière de filmer de Cantet m’a d’abord fait penser à une sombre farce. Quel ennui mortel que de passer près d’une heure dans une salle obscure (soit un peu plus d’un tiers du film) à mater un groupe de nanas jouer à des jeux plus débiles les uns que les autres et à s’en amuser. On y croit pas un seul instant.
Puis, fini de rire! Si le reproche d’une vision un peu trop caricaturale ne m’a presque jamais quitté, la deuxième partie m’a largement plus convaincue ou plutôt touchée. Après un passage par la case maison de redressement et autre travaux d’intérêt général, le gang se ressoude quelques temps plus tard pour vivre en mode communautaire dans une vieille bicoque délabrée. La flamme brûle toujours. L’idéal révolutionnaire, le rêve libertaire s’affirment plus fort encore et attirent de nouvelles âmes. En passant on notera qu’une société égalitaire pour quelques-unes de ces dames n’inclut pas la différence de couleur de peau puisque leur révolution s’arrêtera tout net lorsqu’il s’agira d’intégrer une noire à leur communauté. Ce petit paradoxe qui n’échappera à personne mais qui répond aux mœurs d’une époque est sans doute le fruit d’une forme de désenchantement de l’auteur face à l’universalité de l’injustice. Certes Monsieur Cantet, on peut mener un noble combat et pour autant passer à côté d’un autre tout aussi légitime simplement parce qu’on a appris à vivre avec cette injustice, mais pourquoi donc l’asséner avec aussi peu de finesse?
Bref, disais-je si la deuxième partie m’a beaucoup plus touchée c’est parce qu’elle semble plus authentique. Que la révolte un brin décousue de ces filles et les moyens (maladroits, paradoxaux voire criminels) qu’elles usent pour y répondre mettent surtout en exergue des détresses morales individuelles, un manque de confiance en soi et en sa propre capacité à faire bouger les choses autrement que par le mépris général à l’origine d’actes terroristes. Pour au final quoi? Voir deux membres démissionner pour devenir…mère au foyer et femme bien rangée, voir quelques « poussins » s’affoler et fuir après une connerie majeure, voir la meneuse de bal devenir révolutionnaire cubaine (?). Ces confessions d’un gang de filles partaient pourtant d’une bonne intention.
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