Mort de Bunny Munro – Nick Cave

Pulsions autodestructrices limite suicidaires, univers macabre et romantique d’une Ophélie gracieuse nommée Elisa Day assassinée par un désaxé ne pouvant supporter la démesure de la beauté féminine. Where The Wild Roses Grow la nature (humaine) sauvage peut parfois détruire et si Cave assène un Do you love me? furieux, caverneux et emprunt de doutes à qui veut bien l’entendre, il se fait volontiers l’apôtre du crime passionnel dans des ambiances quasi-apocalyptiques.

Gueule cassée mais sacrée gueule quand même, cheveux noirs corbeau, regard d’acier, voix sépulcrale, on ne peut s’empêcher en entrant dans l’univers de Bunny de penser au chanteur, de l’imaginer dans la peau de son personnage qui n’a de lapin que la sexualité. « Je suis foutu » songe Bunny Munro avec la lucidité soudaine de ceux qui vont mourir. Touches de sang, de soufre, de sexe pour un roman décadent qui retrace l’épopée fantastique de cet anti-héros parti avec son jeune fils (Bunny Jr) sur les routes du sud de l’Angleterre vendre des produits cosmétiques à quelques « desperate housewives » en mal de sensations fortes. Hanté par le fantôme de sa femme dont il ne peut oublier le visage bleuie par la corde, il va progressivement sombrer dans un cauchemar éveillé et y entraîner son fils presque aveugle, pourtant si éclairé. En filigrane ce sont bien des relations père-fils dont l’auteur a voulu parler. Celles du petit Bunny (fragile, tendre et paumé) avec son papa déjanté mais aussi celles de Bunny avec son propre père (Bunny Senior, il fallait le trouver) encore plus calamiteuses. Et la conclusion pourtant si évidente de nous rappeler que quand les douces illusions du papa héros s’estompent au profit du papa zéro, le lien n’en est pas pour autant moins fort.

Mort de Bunny Munro est un petit ovni à la fois drôle et grave, déjanté et sérieux, réel et fantasmé, féroce et léger. Qui aime Cave et son univers aimera ce roman d’une Bad Seed pourtant pleine d’humanité.

> Consulter le site Internet Mort de Bunny Munro

Commentaires

  1. Avatar de Anthony

    Oh, je l’ai justement lu cet été et je voulais en parler, mais je suis encore plus nul pour parler de livres que de cinéma (pour lequel je m’améliore 🙂 )
    J’ai beaucoup aimé ce livre (mais c’est peut-être parce que je suis un grand fan de Nick cave), mais je serais bien en peine de dire pourquoi.
    En tout cas, ça se lit très bien, malgré le langage « fleuri »

    1. Avatar de Luzycalor

      Grande fan aussi de Nick Cave, ce livre est spécial mais bien écrit et prenant. Langage « fleuri » c’est le moins qu’on puisse dire 🙂

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