Mais qu’est devenu Tom Hulce? Ce Mozart de génie, immature, loufoque, un brin cabotin, touché par la grâce et jamais égalé. C’est en regardant hier le célèbre « Amadeus » de Milos Forman pour la troisième fois au moins depuis sa sortie en 1984 que je me faisais la réflexion. Pourquoi diable, alors que d’autres acteurs américains sans grand intérêt ont si bien percé, Tom Hulce est-il resté un « presque » illustre inconnu? Un Mozart trop parfait, tel que l’on pourrait l’imaginer, tel qu’on l’imagine d’ailleurs, passé à la postérité grâce à ce rôle mais n’ayant pas poursuivi son chemin.
Son Mozart « Rock star », original, passionné, puéril, audacieux, parfois grossier, un peu schizophrène aurait du faire de lui au moins un acteur « bankable » si ce n’est une star internationale. Au lieu de cela: Rien! Après l’indéniable succès d’Amadeus, qui se souvient aujourd’hui de Tom Hulce? Du génie de ce jeune premier, de sa « gueule d’amour » (bon OK cela n’engage que moi), de sa fougue et de son investissement à la limite du raisonnable (l’acteur aurait poussé le rôle jusqu’à prendre des cours intensifs de piano durant quelques mois avant d’entrer dans la peau de l’illustre compositeur).
Le film quant à lui n’a pas pris une ride. Milos Forman a réussi la prouesse de le rendre indémodable. Peut-être est-ce le parti pris du scénario romancé s’appuyant sur la haine teintée d’amour de Salieri pour Mozart qui donne à l’œuvre une dimension tragique d’une rare intensité et en fait donc un film remarquable. Peut-être aussi est-ce un peu parce que le réalisateur a su filmer avec brio une vie unique faîtes de démesure, de déception jusqu’à la déchéance et l’abandon (on se souvient de l’enterrement calamiteux sous la pluie de Mozart dont la dépouille fut, dit-on, jetée en fausse commune). Une existence presque aussi pitoyable que sont prestigieuses les compositions de ce musicien légendaire.
Un film à voir et à revoir.
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