Le vent de la révolution souffle sur Versailles. Marie-Antoinette, versatile et capricieuse, continue à vivre dans une sorte d’insouciance essentiellement obsédée par ses toilettes et ses histoires de cœur avec la sulfureuse Madame de Polignac. Les émeutiers ont envahi les rues de la capitale, ont pris la Bastille. Dans les coulisses royales, les femmes de chambre, cuisinières, couturières… le « petit peuple du château » en somme appréhende le drame qui se trame mais ne partage pas la révolte tout à sa dévotion aux souverains. Les rumeurs vont bon train, les pamphlets incendiaires sortent de l’ombre, les têtes à guillotiner apparaissent sur des listes numérotées qui circulent dans les backstage du palais. Certains ont peur, d’autres modèrent, tout ce monde s’active en ordre « dé »rangé dans une fourmilière où la reine est désormais en grand danger.
C’est à travers le regard de Sidonie Laborde, lectrice de Marie-Antoinette, que le spectateur va être projeté dans cet univers fait de courtisans et de domestiques plus ou moins bienveillants mais jamais virulents qui vivent les premières heures d’une révolution sanguinaire dont ils ne comprennent pas encore tous les enjeux. Benoît Jacquot en artiste des couleurs et des plans raffinés de scènes de vie domestique semble filmer avec un pinceau tant sa projection ressemble parfois à une peinture de Vermeer faîte de dégradés subtils d’ombres et de lumières, de clair-obscur. C’est prodigieusement beau, esthétique et du coup captivant. On en oublierait presque que le tout est ennuyeux et que les acteurs ne sont pas aussi bons que ce que les critiques laissent entendre. Outre une Léa Seydoux remarquable dans le rôle de Sidonie Laborde naïve au point de donner corps et âme à une reine manipulatrice, Diane Kruger en Marie-Antoinette est glaciale, Virginie Ledoyen dans le rôle de Gabrielle de Polignac ultra maniérée et tout sonne faux chez Xavier Beauvois qui campe un Louis XVI mou et inintéressant au possible (bon à la fois c’est un peu l’image que l’on a de ce roi mal aimé).
L’histoire inspirée du livre éponyme de Chantal Thomas (qui semble t-il est excellent) se déroule trop souvent à mon goût de manière désordonnée en enchainant les transitions douteuses. On suit Laborde de couloirs en couloirs, souvent trébuchant, puis se redressant embarquée dans des discussions schizophréniques avec Marie-Antoinette, prête par amour à jouer les bons petits soldats pour cette reine déchue. Au final, un scénario sans épaisseur et un dénouement qui laisse sur sa faim.
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