Je me faisais une joie de retrouver Béatrice Dalle au cinéma que je n’avais pas vu depuis son apparition dans l’excellent Clean d’Olivier Assayas. Béatrice Dalle dérange, fait peur, étonne, détonne dans l’univers cinématographique. En vampire cannibale dans Trouble Every Day, avide d’arracher de ses belles dents la peau de quelques malheureux et de bouffer les chairs des victimes de son envoutement bien que terrifiée par la prise de conscience de la barbarie de ses actes, elle m’a fait passer quelques nuits blanches. J’aime son immense bouche rouge sang, ses longs cheveux noirs et soyeux, son teint diaphane, son allure gothique, son parler cru, son parler franc, son authenticité et sa violence, son investissement dans des films confidentiels et intelligents … peut-être aussi un peu son amour pour l’oeuvre de Pasolini. Allez savoir. Bref, tout à mon plaisir de la retrouver au cinéma dans la peau d’une paumée toujours en phase plus de vingt ans après avec ses idéaux d’ado et ses premières amours saphiques, je suis allée voir Bye Bye Blondie. Mal m’en a pris. Que dire si ce n’est que ce film est navrant. Je me suis même demandé un instant s’il était possible que Virginie Despentes – dont je suis persuadée de l’intelligence au demeurant – soit machiavélique et cynique au point de juste avoir eu envie de se foutre de la gueule du public. Au passage la réalisatrice semble également prendre un malin plaisir à ironiser sur l’hypocrisie du monde de l’audiovisuel et les travers d’une certaine élite intellectuelle qu’elle fustige de bout en bout du film. Mais là j’avoue ne pas y voir d’inconvénient majeur si ce n’est encore une fois que tout ceci paraît incroyablement caricatural et grotesque.
Tantôt projeté dans la jeunesse des deux héroïnes marquée par un passage par la case « HP » et des bastons Skins-Punks, tantôt catapulté dans leur présent de retrouvailles amoureuses et sexuelles, le spectateur navigue d’une époque à une autre complètement perplexe devant le jeu d’acteurs qui n’y croient pas une seconde, devant une fultitude de situations qui se veulent provoc’ alors que trop calculées elles en deviennent juste ridicules au point de mettre mal à l’aise (j’entends par rapport à la réalisatrice tant on est convaincu qu’elle peut mieux faire). Béatrice Dalle y est perdue, Emmanuelle Béart totalement insipide, le formidable Pascal Greggory (oui lui aussi je l’aime en temps ordinaire) en vieil écrivain fini – marié à Béart pour la société mais se tapant des minets – y est pathétique.
Un conseil : passez votre chemin ou alors allez-y pour vous marrer devant un bon navet! Mieux encore, allez plutôt voir Cloclo qui pour le coup et contre toute attente est franchement réussi.
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