Bon voilà j’ai cédé à l’appel du titre racoleur, à la probabilité de me marrer devant des scènes de bande-annonce dont le niveau de finesse semblait inversement proportionnel au comique de situation… je suis allée voir Les Infidèles et je ne regrette rien. Mieux j’ai même parfois apprécié les moments d’émotion offerts auxquels je ne m’attendais pas du tout. Alors pourquoi je ne regrette pas d’avoir vu Les Infidèles?
> Parce que justement loin d’être seulement un film comique aux répliques douteuses, graveleuses et machistes (bon attention ne me faîtes pas dire non plus ce que je n’ai pas dit : il y a bien quelques scènes vulgaires et outrancières mais elles ne servent selon moi qu’à mettre l’accent sur le fait que l’humain ne fait pas toujours dans la dentelle!), les sketchs des infidèles dénoncent surtout la vanité des kékés qui se croient irrésistibles et à l’abri de tout alors que la vie dans ses aléas si petits soient-ils et sa temporalité les rappelle souvent à l’ordre.
> Parce que Les Infidèles dénonce à la Houellebecq dans l’Extension du domaine de la lutte une forme de solitude inhérente à nos sociétés capitalistes à l’origine d’une misère économique, sociale autant que sexuelle. Ainsi le sketch d’Hazanavicius raconte les tribulations pathétiques d’un employé en séminaire – que campe un Dujardin plus « beauf » que jamais mais extrêmement touchant dans la détresse morale – multipliant entre deux branlettes dans sa chambre d’hôtel le soir, les rateaux auprès de ses collègues moqueurs (et particulièrement la gente féminine).
> Parce que même si on peut la trouver cousue de fil blanc, la saynète abordant la question fatidique du « Chéri, dis-moi comme ça là, allez je te promets que je le prendrai bien : m’as-tu déjà trompée? » aboutissant sur la crise d’hystérie et la remise en cause d’un couple regorge de vérité et de justesse. Traqués par la caméra d’une Emmanuelle Bercot plutôt cruelle, Alexandra Lamy et Jean Dujardin y sont étonnants.
> Parce que Sandrine Kiberlain en tentatrice de queutards, animatrice d’une réunion des « Infidèles anonymes » dans une scène décalée est vraiment amusante. Kiberlain, amusante, c’est pas un peu antinomique ça?
> Parce que Jean, quand tu ne parades pas et que tu ne fais pas de grimaces débiles, tu joues vraiment bien. Les américains eux-mêmes t’ont octroyée la récompense suprême au nez et à la barbe de Clooney (c’est pas un peu injuste quand même?). Bon n’oublions pas que ces mêmes américains ont distingué l’insipide Marion Cotillard et la charmante Juliette Binoche.
> Parce que Gilles Lellouche s’en tire merveilleusement bien aussi.
> Parce que Les infidèles reste une comédie qu’il faut savoir prendre avec recul et humour sans chercher à analyser si le rôle de la femme y est consternant ou pas. Ce film n’est pas un documentaire et n’a pas vocation à être chef d’oeuvre oscarisé. Abordé sous l’angle masculin, on ne peut pas dire en plus que le mec infidèle y soit reluisant.
La polémique des Infidèles avaient déjà commencé avec les affiches promotionnelles censurées présentant je cite « une image dégradante de la femme » (au passage je tiens à souligner qu’en tant que femme je trouve qu’il est des causes plus importantes à défendre – femmes victimes de violence en tout genre, aliénation religieuse, parité homme-femme – que celle de retirer une image sûrement un peu lourdingue mais plutôt marrante au nom de je ne sais quelle pudibonderie!). Pourtant en filigrane, la fidelité ne serait-il pas le concept défendu par Les infidèles?
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