Ce matin j’ai senti sur ma peau la morsure de l’hiver ou plutôt son baiser de glace comme délicate sensation anesthésique sur ma bouche, des frissons sur ma chair, quelques flocons blancs recouvrir mes vêtements. J’aime l’hiver et son manteau immaculé, la réverbération du soleil sur cet agglomérat d’étoiles de givre source d’une luminosité à nulle autre pareille, l’agréable sensation que la nature endormie recouverte d’une ouate vaporeuse offre un silence presque palpable. J’ai batifolé avec cette petite mort*.
Cela tombait plutôt bien car il était temps de répondre pour moi au défi de Mona et de prendre ma plume qu’elle dit si légère pour lui offrir avec plaisir juste un peu de mon temps, de mes mots, de ce que l’hiver évoque pour moi.
La nature en hiver m’inspire c’est certain par son paradoxe. Car le blanc manteau qu’elle revêt source de calme, de sérénité, de douceur, de vie qui s’éteint pour mieux renaître de ses cendres anime les cœurs, vivifie les cerveaux, dépose ce rouge carmin qui sied si bien aux joues des filles. Et derrière le bleu de la glace, le jaune-orange étincelant du feu qui crépite dans les cheminées. L’odeur du bois qui brûle, la vue de la flamme qui danse dans l’âtre. Le feu qui embrase les âmes et transperce les corps jusqu’au plus petit de nos os.
Alors Mona que m’inspire l’hiver au-delà de ces quelques mots? Une existence à la campagne secouée par la rudesse. Sept petites souris soudées autour d’une vie brutale marquée par un dur labeur trop tôt effectué. Sept petites âmes qui n’oublient pas de poser sur le monde, qui ne les épargne pourtant pas, le doux regard innocent de l’enfance. Et une femme. Une mère, qui ne se plaint jamais, victime de la violence d’un mari adultère, limite incestueux, toujours de passage. Véritable fée, alchimiste de la vie, magicienne des couleurs pour ses enfants si fiers de l’avoir pour maman. Mais en cette soirée de Noël, elle cache son désespoir, elle ne voit plus d’avenir… « Maman, y aura t-il de la neige ce soir? ». La neige se fait attendre, le père-noël ne viendra pas. Et si finalement le salut était la mort, celle qui vient vous faucher dans votre sommeil. Ouvrir le gaz, fermer les yeux, offrir cette mort comme délivrance. Et puis les flocons tombent, l’espoir renaît. Les premiers rayons du petit matin luiront encore, encore et encore…
Y aura-t-il de la neige à Noël? est un film de Sandrine Veysset sorti en 1996.
* Le langage érotique s’est approprié aujourd’hui le terme de petite mort signifiant orgasme.
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