Même si au départ je me délectais à l’idée de voir Toutes nos envies, la déprogrammation soudaine de mon cinéma de quartier, qui m’a d’abord un peu contrariée, a fini par me satisfaire au plus haut point. Comme tout le monde j’avais vu quelques extraits d’Intouchables. Ceux où Omar Sy fait le guignol en expliquant au tétraplégique dont il a la charge, joué par un François Cluzet plutôt convainquant, qu’il faut savoir être digne et préférer tomber dans les pommes plutôt que de se voir enfiler des bas de contention par un homme. Je me disais alors que cette scène, pleine d’humour au demeurant, devait être une des rares scènes comiques du film, de celles que nous proposent les bandes-annonces toujours plus ou moins alléchantes mais qui tombent totalement à plat dans la globalité d’un film.
Eh bien non, Intouchables est une vraie surprise. Un savant dosage d’humour (je me suis amusée presque tout le temps) et d’émotion (pas de pathos excessif juste de la générosité savamment orchestrée). N’en déplaise d’ailleurs à Pierre Murat que je trouve ces derniers temps un poil injuste lorsqu’il s’agit de parler du cinéma français faisant appel à notre affect et notre sensibilité (lire la critique de Murat).
Car si Intouchables abordent 2 sujets casse-gueule : celui de l’exclusion des handicapés et celui des jeunes paumés zonant dans les cités, il le fait plutôt avec élégance, humour et générosité. Jamais vulgaire, jamais indécent et pourtant sans concession. Intouchables c’est la rencontre improbable (mais vraie) de deux êtres qu’à l’origine tout oppose. L’un blanc, l’autre noir, l’un vieux, l’autre jeune, l’un riche, l’autre pauvre, l’un cultivé, l’autre brut de décoffrage. Leur union se fera justement dans la différence et la complémentarité générée par cette dernière. Même s’il ne fait aucun doute que l’alchimie de ce couple étonnant revêt un caractère unique et reflète sûrement assez peu la réalité des choses, que la plupart des tétraplégiques vivent dans des conditions difficiles et qu’un jeune de banlieue (ou d’ailleurs) a sûrement bien d’autre chose à faire ou penser que de consacrer sa vie à un handicapé, le film n’en demeure pas moins un formidable espoir.
Inspiré d’un fait réel, on se plait à penser que le monde pourrait être meilleur s’il regorgeait de Driss (Abdel dans la réalité). Cerise sur le gâteau : les acteurs justes, humains, drôles, assez exceptionnels il faut bien le dire, font de Intouchables un film franchement à voir. Un petit gramme de finesse dans un monde de brutes? En tout cas une jolie histoire d’amitié comme on aimerait en voir plus souvent.
En savoir plus :
> Lire l’interview de Philippe Pozzo di Borgo, l’homme d’affaire tétraplégique ayant inspiré Intouchables
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