Difficile de retourner au temps du cinéma muet en noir et blanc à une époque où numérique, 3D et couleurs explosives envahissent nos écrans. Difficile d’entrer aisément dans l’univers de Peppy Miller et George Valentin composé d’expressions faciales étonnantes et d’indispensables musiques d’accompagnement. L’ennui peut guetter si on se laisse aller…d’ailleurs dans mon cinéma de quartier la salle était loin d’être comble et à mon grand étonnement quelques personnes ont quitté les lieux avant la fin.
Pourtant que d’émotions devant l’histoire de cette ex-star du muet passéiste et orgueilleux qui va progressivement tomber dans l’oubli alors qu’a contrario la jeune actrice dont il fut le pygmalion grimpera vers la gloire propulsée par le cinéma parlant.
Séducteur, jovial, facétieux, puis fragile, désespéré, abimé, Jean Dujardin interprète avec brio et sans excès une palette d’attitudes et de sentiments. N’ayant que son corps pour tout langage, l’acteur s’exprime avec une émotion bien réelle et une force de conviction plus étonnante encore que s’il eut la caution verbale. Enfermé dans son mutisme, emprisonné dans son film muet, dans l’incapacité de faire face à la révolution cinématographique qui s’annonce, le destin de George Valentin se rapproche de celui de Gloria Swanson dans le fabuleux Sunset Boulevard de Wilder où l’actrice joue alors une star déchue hantée par ses moments de gloire.
Film muet sur le cinéma parlant, The Artist, par la contradiction générée, est déjà un film brillant et inventif. Une mention spéciale au petit partenaire canin remarquable qui d’ailleurs fut récompensé d’une « Palm Dog » (c’est plutôt amusant!). Plus que sensible à la poésie de la mise en scène, j’ai passé un très bon moment devant The Artist. Cerise sur le gâteau, les présences de l’extraordinaire John Goodman en producteur véreux et de James Cromwell dans le rôle du fidèle serviteur de Valentin.
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