Ambiance de fin du monde dans la tête de Justine envahie par la mélancolie, ambiance de fin du monde sur la terre menacée par une collision avec la planète Melancholia, ambiance de fin du monde au sortir du cinéma simplement car le film résonne encore en moi. Le vent souffle. Les nuages assombrissent le ciel. Je tremble un peu, je crois que j’ai eu peur ou plutôt que je l’ai ressenti l’effroi de Claire coincée physiquement et mentalement par une fin imminente, la terreur qui l’assaille à l’idée de ne plus pouvoir protéger son jeune enfant qui croit encore aux cabanes magiques comme rempart contre l’inévitable. Bienvenue dans le monde fantasmé de Lars Von Trier. Au départ pourtant, l’ennui. Le film débute sur des images-tableaux magnifiques, d’une beauté incroyable sur fond de Wagner. Des images dévoilant dès l’introduction le désastre auquel la terre va bientôt devoir faire face. Puis retour en deux parties et en flash back sur les derniers jours de l’humanité.
Le premier volet, consacré au mariage de Justine (Kirsten Dunst), me déstabilise par son côté irréel, m’irrite aussi par ses longueurs, son climat lourd, pesant, taiseux. C’est l’apocalypse dans la tête de Justine. Le jour même de son mariage, elle n’est déjà plus là. Son regard se perd. Son visage se fige. Son mari devient étranger et quitte la scène après des noces catastrophiques plombées par les absences répétées de la mariée en proie aux démons de la dépression auxquelles viennent s’ajouter les remarques assassines d’une famille déjantée. A cet égard une mention spéciale à Charlotte Rampling, excellente dans le rôle de la mère antipathique, détestable, inhumaine. Je suis restée perplexe tout au long de cet épisode car j’avoue avoir eu du mal à comprendre Justine. Si j’admets volontiers m’être laissée envahir par l’esthétique irréprochable de la plupart des scènes, je n’ai en revanche ressenti aucune émotion, aucun réel plaisir à voir ce volet que j’ai trouvé un peu long à mon goût.
Le deuxième volet quant à lui, dédié à Claire (Charlotte Gainsbourg) la sœur de Justine m’a tout de suite semblé plus captivant car plus angoissant et générateur d’une foultitude d’émotions que pour le coup je me prends en pleine face. Je découvre alors une Charlotte Gainsbourg exceptionnelle. Je vis son angoisse, je frémis comme elle à l’idée de ces ténèbres qui approchent, de ce cauchemar auquel on ne veut pas croire. De la terreur qui ronge la mère soucieuse de protéger son enfant mais qui se sent envahie, au-delà de l’autre, par sa propre souffrance. Le Prix d’interprétation féminine à Cannes aurait du lui revenir incontestablement.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, aussi incroyable que le talent du cinéaste est immense, je n’ai pas aimé Melancholia ou peut-être simplement ne l’ai-je pas encore digéré.
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