À mourir pour mourir – je choisis l’âge tendre – et partir pour partir – je ne veux pas attendre… Elle s’avance, féline et gracieuse, insaisissable et vulnérable. BA(R/LI)BAR(A). Qui des 2 sublime l’autre? Barbara qui révèle une Balibar sensible et provocante inspirée jusque au bout des doigts et de la voix? ou Balibar que Mathieu Amalric transcende sous le feu des projecteurs en une Barbara stupéfiante d’évidence? Excentrique et pudique, forte et fragile, lumineuse et sombre, Balibar s’impose et Barbara se recompose. La caméra la suit, la caresse, la déshabille. D’un pas de louve, la longue Dame brune franchit le Styx à contre courant, dépouillée, dans toute sa vérité, toute sa folie aussi. Les frissons affleurent au son des sombres mélodies marquées par des Amours Incestueuses dont elle ne s’est jamais remise. Il pleut sur Nantes et je me souviens, une chanson d’adieu. Une chanson qui raconte le drame de sa vie. Qui marquera aussi l’envol de sa carrière. Une rédemption poétique, un alliage entre le pardon et la résilience que l’on retrouvera toujours dans son oeuvre. Assise au piano d’un bar-motel, tout en délicatesse et sensualité, BaliBarbara la tient, la possède. L’émotion submerge.
Déjouant les règles du genre, ellipses et métaphores sur la vie de la chanteuse s’enchaînent dans cet anti-biopic poétique où Amalric se glisse lui même dans la peau d’un metteur en scène répondant au nom de Yves Zand qui confie à Brigitte (Balibar) le rôle de Barbara. Tout s’emmêle et s’entremêle dans un film aussi foutraque que ne l’était l’artiste. Des images splendides d’archives se confondent et se juxtaposent aux scènes actuelles portées par Brigitte qui s’en inspire pour donner corps et matière à la majestueuse interprète de l’Aigle Noir.
Si Barbara sur la forme peut effectivement surprendre – des esprits chagrins y verront même un film d’un ennui mortel – il emprunte pourtant des chemins de traverse d’une incroyable poésie. Véritable « kaléidoscope émotionnel », aucune chance pour les plus sensibles de s’endormir devant. Et si s’endormir c’est mourir, ah laissez-moi mes insomnies, j’aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis.
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