Jongler avec une poignée de secondes, danser avec des pinceaux pour croquer upside-down des portraits de toute nature, joli mélange pour cet adepte du live-painting qu’est Rénald Zapata. Zapata donc, véritable nom d’un artiste multidisciplinaire qui dans la rue a choisi le sceau du vengeur masqué! Et de graffs en peintures, la magie opère. Rencontre avec un peintre performer de nuit, street artiste de jour…ou peut-être l’inverse qui sait!
« Zapata », un nom prédestiné pour un « révolutionnaire » du pinceau qui a réussi la prouesse incroyable de graffer le Che en 5 minutes et à l’envers sur fond rock, parle-nous de ton art : le live-painting. En quoi consiste-t-il ?
R. Z : Il s’agit de réaliser un tableau (souvent un portrait), ou une fresque, en public. Mes performances se passent en musique et dans un temps défini, généralement très court. La « peinture spectacle » est né dans les années 80 avec Ibara et ses fresques peintes en quelques minutes. Aux USA, c’est Denny Dent qui se lance dans le portrait fin 80. Puis en France dans les années 90 Jean-Pierre Blanchard et Franck Bourroulec se distinguent par leur art de la peinture rapide. On peut être autodidacte mais cela implique pas mal de travail. Avoir eu des cours de dessin est bien sûr un plus mais il est possible d’étudier sérieusement par soi-même. Pour ma part, j’ai d’abord fait des études en écoles d’art à Estienne puis à l’ENSAAMA avant de me lancer. Il faut savoir que le live-painting demande au préalable de la préparation. D’abord une phase de recherche iconographique. Puis une série de croquis pour cerner le personnage et trouver une traduction graphique. Enfin de multiples répétitions pour mettre en place le numéro, trouver le chemin des pinceaux, synchroniser certaines étapes avec la musique. Par ailleurs peindre à l’envers (ce que je fais) n’est pas chose aisée et se travaille mais ajoute sans conteste à l’intrigue et au spectacle.
Combien as-tu ainsi réalisé de portraits à ce jour et à quelles occasions ?
R. Z : Après 20 ans de live-painting, j’avoue ne plus compter. J’ai ouvert les concerts d’une soixantaine d’artistes dont Jacques Higelin, Olivia Ruiz, Yaël Naïm ou encore Thomas Dutronc pour ne citer qu’eux. J’ai peint un grand nombre de personnalités lors de remises de prix ou autres événements, et effectué un nombre important de prestations privées. Je participe également à des tournages, notamment on peut me trouver dans le dernier clip de Grand Corps Malade, « L’heure des poètes ».
Des favoris ? Des anecdotes à ce sujet ?
R. Z : Mes plus grands souvenirs restent mes ouvertures de concerts : Alain Bashung, Juliette Gréco, Charlie Watts… des légendes ! J’ai de magnifiques souvenirs de festival à la Réunion, de prestations avec le Cirque du Soleil à Hong-Kong, et de belles rencontres au fil de la route.
La musique semble tenir une place importante dans l’expression de ton art, quels sont les courants musicaux qui t’inspirent ?
R. Z : J’ai des goûts très éclectiques. Je peux être inspiré par beaucoup de styles : du classique à l’electro, en passant par le rock, le jazz, le hip-hop ou les musiques ethniques.
Dans certaines de tes œuvres tant sur le plan graphique qu’en matière d’accroches mordantes on retrouve l’âme et la plume de Miss.Tic, j’imagine qu’elle a été source d’influence pour toi, mais dans quelle mesure ? La connais-tu ?
R. Z : Dans le années 80 j’ai fait mes études à l’école Estienne, dans le 13ème arrondissement de Paris. Je traversais la rue et j’étais à la Butte aux Cailles qui était déjà le terrain de jeu de Miss-tic. C’est à cette époque que je l’ai découverte, ainsi que le street-art en général d’ailleurs. Malheureusement si j’admire son travail et son talent j’avoue ne pas avoir eu la joie de la rencontrer.
Plus largement quelles ont été tes influences et tes premiers supports ?
R. Z : Mes toutes premières influences ont certainement été « Gribouille » (un personnage qui faisait des dessins dans Récré A2) et Cabu qui dessinait en direct à la télé ! Plus sérieusement, mes influences relèvent plus de mes rencontres que de l’histoire de l’art. Des rencontres avec mes professeurs, et des artistes de tous horizons. J’ai commencé très jeune à expérimenter l’aquarelle, l’huile et le modelage. Aujourd’hui je travaille principalement sur toile mais aussi sur papier, bois, disques vinyles… et les murs !
Quid de la culture hip hop. Que t’a-t-elle apporté tant dans l’expression musicale que visuelle et j’irai même jusqu’à corporelle car ton art cumule les trois ?
R. Z : Justement, je n’ai pas une culture hip-hop. Mais cela n’empêche pas d’y trouver une énergie, un discours, des rythmes très soutenus qui m’intéressent énormément. Par ailleurs pour en revenir à ta question sur l’expression corporelle et la gestuelle qu’induisent mon art, disons que je mets énergie et conviction dans ma peinture. J’essaye de la vivre en me nourrissant d’un rythme, de sons, de vibrations. J’éprouve en fait l’envie de faire un spectacle total.
« ¡ Z ! », on la trouve où ta signature ? Dans quelles villes, quels lieux? Endroits cachés ou évidences visuelles ?
R. Z : Dans la rue, il faut chercher un peu. Je fais peu de grands formats. Je colle des danseuses (le Petit-Rat) au gré de mes promenades dans Paris ou d’autres villes. Pour du grand format, vous pouvez voir mon travail à Achères (78) sur la façade du Sax (salle de spectacle). J’ai fait quelques fresques à Mantes il y a une quinzaine d’année, je ne sais pas si elles sont toujours visibles.
Des projets à venir ?
R. Z : Je termine actuellement un festival de musique (L’Estival) au cours duquel j’exposais mes toiles et faisais les ouvertures de concerts en live-painting. J’ai une tournée « cabaret » prévue tout au long du mois de décembre 2015. Pour 2016, déjà deux expositions à l’étude, un projet d’illustrations pour un livre, et bien sûr des performances pour diverses événements.
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