Après le générique survient une mort…puis la famille Fisher (entreprise de pompes funèbres) œuvre pour rendre le mort présentable. « Six Feet Under », c’est d’abord cela. Tout ce que d’ordinaire on se refuse à voir, tout ce que l’on ne veut pas trop montrer : la présence dans la vie de chacun d’entre nous de cadavres, de cercueils, de larmes et de douleur.
Ainsi à chaque épisode le sentiment de quotidienneté de la mort nous envahit et nous met face à l’évidence que la fin peut surgir à n’importe quel moment, comme ça, juste parce qu’une voiture un peu rapide vient nous faucher, juste parce que le pot de fleur du voisin nous est tombé sur la tête ou que la rupture d’anévrisme nous a foudroyée. Ce qui est flippant dans « Six Feet Under », c’est la mise en avant du caractère absurde de la mort, de sa venue parfois tragi-comique. Le dernier épisode en est l’illustration flagrante (mais je n’en dirai pas plus pour ceux d’entre vous qui ne l’ont pas déjà vu et qui seront convaincus que cette série en vaut la peine, et croyez-moi elle en vaut plus que la peine).
C’est donc dans le terreau de la mort que le destin des Fischer trouve les moyens de bourgeonner sans cesse. Car « Six Feet Under » ce sont aussi des personnages torturés, de véritables écorchés vifs. La mère, Ruth, une femme austère, rigide, puritaine qui petit à petit va dévoiler sa vraie nature, toute sa complexité et son humanité. Rendue veuve dès le premier épisode (la première mort étant celle du père) elle va devoir se reconstruire et trouver sa place dans une société où jusqu’à présent elle n’avait pour rôle que d’être la « femme de ». Autour d’elle, la fratrie : Nathaniel, l’aîné, devenu de fait co-gestionnaire d’une entreprise familiale qui ne l’intéresse pas et amoureux à ses heures d’une déjantée totale. David, le cadet, ferme, conventionnel et paradoxalement homosexuel refoulé. Au passage, l’homosexualité est traité ici avec grande finesse et la relation qu’entretient David avec son partenaire, un policier afro-américain participe largement à l’intérêt que j’ai pu avoir pour la série. Enfin, la douce névrosée et benjamine, claire. Considérée comme morbide, elle est souvent isolée. Son personnage extrêmement touchant reste un de mes favoris.
Véritable petit bijou d’humour noir, « Six Feet Under » aborde le thème de la mort pour mieux parler de la vie. Comme le disait Alan Ball son créateur : « Ce n’est pas une série sur la mort mais plutôt sur la vie en présence de la mort. Nous affrontons tous la mort d’une manière ou d’une autre. Mais ceux qui doivent lui faire face tous les jours doivent développer une bonne dose d’humour noir qui leur permet de supporter tout ça. Surtout, ils apprennent à mieux apprécier la vie car quand vous travaillez dans cette industrie, vous savez plus que n’importe qui que tout peut arriver. Cela reflète le principe bouddhiste d’être là, de vivre le moment présent. La vie est tout ce que vous avez et c’est la seule garantie. »
« Six Feet Under » est la série la plus remarquable qu’il m’ait été donné de voir jusqu’ici, c’est pourquoi j’ai voulu aujourd’hui vous en parler et espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de la découvrir.
La série en bref :
> 5 saisons et une fin exceptionnelle.
> Les acteurs : Nate Fischer (Peter Krause), David Fischer (Michaël C. Hall, jouant aussi le serial killer dans Dexter), Ruth Fischer (Frances Conroy), Claire Fisher (Lauren Ambrose).
> En vidéo :
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